Reportage Fin du droit du sol à Mayotte : un collectif veut maintenir ses barrages jusqu'à ce que Gérald Darmanin "puisse donner un calendrier et des mesures"

Après l'annonce de la fin du droit du sol à Mayotte par Gérald Darmanin, le collectif citoyen des Forces vives attend des mesures concrètes du ministre de l'Intérieur pour supprimer ses barrages.
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des manifestants sur un barrage à Mayotte. (GAËLE JOLY / RADIO FRANCE)

Au lendemain des annonces de Gérald Darmanin, dimanche 11 février sur la fin du droit du sol et du visa territorialisé à Mayotte, la population se dit globalement soulagée. Mais les Mahorais attendent des engagements fermes du ministre avant une levée possible des barrages dès mardi soir.

Juste avant de quitter l'île dimanche soir, Gérald Darmanin s'est arrêté quelques minutes dans un café d'un port, au contact direct des Mahorais. "Ça fait dix fois que je viens, je sais ce qu'il se passe. Il faut un peu plus de fermeté", a-t-il affirmé.

"Nous voulons d'abord voir"

À deux pas, sur la place de la République, le porte-parole du collectif citoyen des Forces vives, Saïd Kambi, attend désormais l'engagement écrit du ministre. "Il y a une expression mahoraise selon laquelle 'la pieuvre a dit : je dois d'abord voir'. Donc nous voulons d'abord voir. Nous maintenons nos barrages jusqu'à ce que le ministre de l'Intérieur puisse nous donner un calendrier et des mesures."

"Il ne faut pas que ça s'arrête là. Nous quitterons peut-être les barrages, mais nous serons sur le terrain, vigilants, afin de s'assurer que les promesses se réalisent."

Saïd Kambi, du collectif des Forces vives

à franceinfo

Et pour cela, la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, doit revenir à Mayotte d’ici un mois. Entre-temps les autorités auront lancé l'opération "Wambushu 2". Quinze gendarmes du GIGN sont venus en renfort.

Une banderole interpelle la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, à Mayotte. (GAËLE JOLY / RADIO FRANCE)

Mais sur les barrages, comme celui du port de Petite-Terre, les manifestants ne sont pas prêts à lâcher si facilement. Le bateau de liaison entre les îles ne transporte plus que les véhicules du Samu. Un petit groupe de Mahorais bloquent l'accès à Mamoudzou et dort sur place jour et nuit. "On dort par terre sur une natte, toute la nuit, raconte une manifestante. On a besoin de notre sécurité. Ça fait déjà deux semaines et quelques jours, depuis le début des grèves, qu'on est là. Même la pluie nous trouve là, la nuit. On est là."

"La balle est dans leur camp"

"On est déterminés. Si on n'a pas de réponses concrètes ou de résultats, on ne bougera pas, on maintiendra les barrages, martèle Sylvaine, qui adhère au collectif des Forces vives. Un simple courrier n'a aucune valeur pour nous. Tant que c'est pas applicable au niveau de la loi, tant que ce sera pas un décret avec une planification... Moi aussi, je peux écrire un courrier et le signer, je ne sais pas si ça vaut quelque chose. En tout cas, ce n'est pas parce que ce sera signé par le ministre ou le président que ça aura une valeur chez nous. La balle est dans leur camp."

"Ayons un peu de patience parce que ce combat est pour tous. C'est pour l'avenir de nos enfants et l'avenir de tous."

Sylvaine Amavie, du collectif des Forces vives

à franceinfo

Pour Jonas, retraité, la solution ne viendra pas de ce gouvernement. Marine Le Pen "est la seule qui se bat du matin au soir pour que les Mahorais soient sur un même pied d'égalité avec les autres Français de France, estime-t-il. On espère qu'elle soit élue dans les années à venir." À Mayotte en 2022, la candidate du Rassemblement national avait obtenu près de 60% des voix au second tour de l'élection présidentielle.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.