Édito
Emmanuel Macron promet un "millésime français" pour 2024 : le vin pourrait-il être bouchonné ?

De grands évènements sont attendus en France en 2024. L'opportunité pour le président de détourner les projecteurs de sujets moins clinquants.
Article rédigé par Agathe Lambret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président français, Emmanuel Macron, le 22 décembre 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

2024, "un millésime français" est une référence aux grands événements qui vont marquer l’année : le 80e anniversaire du débarquement, les Jeux olympiques à Paris l’été prochain, la réouverture de Notre-Dame-de-Paris le 8 décembre. Autant de grandes dates qui feront de 2024 un "millésime" donc et une année de "fiertés françaises", selon Emmanuel Macron. 

Le président ne boude pas son plaisir : quand son deuxième mandat est contrarié, pour ne pas dire enlisé, ces événements braqueront les projecteurs sur le pays mais pas pour parler manifestations, grèves ou émeutes cette fois non, pour afficher plutôt à la face du monde l’excellence française et une nation compétitive, centre névralgique d’événements internationaux.

Un moyen de se relancer

Ce n’est pas nouveau, Emmanuel Macron a toujours voulu s’inscrire dans l’Histoire tout en multipliant les initiatives pour faire rayonner la France sur la scène internationale : une façon de prendre de la distance quand sur le plan intérieur tout vacillait. Il a usé et abusé des commémorations et autres hommages, il n’a cessé de raconter le passé pour parler d’un présent qui lui échappait.

La passion du président pour Notre-Dame est éloquente : dès l’incendie, en 2019, le chef de l’État s’est comme raccroché à ce drame, il a tenté d’en capter l'émotion quand il traversait une mauvaise passe, quelques mois après les "gilets jaunes". La cathédrale était devenue un refuge comme lorsque François Hollande, confronté à son impopularité au pouvoir, s’était abrité derrière de longues séquences mémorielles, de ces événements glorieux qui fédèrent et rendent fiers, ce qui ne l’a pas empêché… d’être empêché.

Un président réduit à "inaugurer les chrysanthèmes" ?

On peut aussi penser que commémorer, célébrer, c’est tout ce qu’il reste au président ? Voilà, le danger, selon l’expression du général de Gaulle, c’est d'être un président réduit à "inaugurer les chrysanthèmes", un chef de l’État qui ne pourrait plus que représenter, palabrer, mais qui n’aurait plus la capacité d’agir, au risque de s’éloigner encore plus des Français. 

Les Jeux olympiques, présentés comme un grand évènement populaire interrogent déjà sur ceux qui en seront exclus, laissés sur le bord de la seine. Quant à Notre-Dame et les commémorations, elles pourront certes raviver un temps la fierté, la fraternité et le patriotisme des Français, mais elles ne répondront ni à leurs attentes ni à leurs angoisses en 2024. Le risque, même avec un millésime, c’est que le vin soit bouchonné. 

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