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Édito
Emmanuel Macron procĂšde Ă  un remaniement technique pour remplacer les ministres qui n'ont pas convaincu

Le remaniement gouvernemental annoncĂ© jeudi 20 juillet peut se rĂ©sumer Ă  une opĂ©ration recentrage sur le cƓur de la macronie, avec des profils trĂšs politiques.
Article rédigé par franceinfo, Agathe Lambret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
François Braun et Pap Ndiaye, ici le 7 juillet 2022 à l'Elysée, quittent le gouvernement (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Un premier symbole : Gabriel Attal, propulsĂ© du Budget Ă  l’Education, Ă  34 ans. MalgrĂ© son passĂ© de militant socialiste, il parle le "en mĂȘme temps" comme s’il l’avait inventĂ©, et sa loyautĂ© au prĂ©sident n'a jamais fait dĂ©faut. Autre macroniste, proche du couple prĂ©sidentiel : la Marseillaise Sabrina Agresti-Roubache, rĂ©putĂ©e pour son franc-parler, est nommĂ©e Ă  la ville, une primo-ministre comme Aurore BergĂ©, cheffe des troupes Ă  l’AssemblĂ©e, rompue Ă  la joute politique, qui hĂ©rite des SolidaritĂ©s.

Recentrage donc, voire resserrement : aucun transfuge cette fois, le macronisme rassembleur, pour l’instant, a vĂ©cu.

Cette Ă©quipe marque aussi la fin des novices au gouvernement, et c’est un aveu d’échec pour deux ministĂšres Ă©rigĂ©s en prioritĂ© par le prĂ©sident, l'Éducation et la Santé : Pap Ndiaye et Francois Braun qui venaient de la sociĂ©tĂ© civile sont remerciĂ©s, comme Jean-Christophe Combes aux SolidaritĂ©s. L’expertise de cette sociĂ©tĂ© civile, c’était pourtant la patte du macronisme originel. Mais aujourd’hui c’est un techno, l’ancien directeur de cabinet de la PremiĂšre ministre, AurĂ©lien Rousseau, qui remplace l’urgentiste François Braun Ă  la SantĂ©.

Emmanuel Macron s’est rendu Ă  une Ă©vidence : pas assez stratĂšges, trop tendres et surtout incapables d’incarner leurs dossiers, ces ministres ignoraient que la politique n’est pas qu’une exĂ©cution, c’est aussi un art, celui de la communication.

Des ajustements avant un "vrai" remaniement ? 

Ce sont des changements techniques, comme le souhaitait le prĂ©sident. Emmanuel Macron ne voulait sans doute pas Ă©puiser toutes ses ressources alors qu’il se prĂ©pare Ă  une rentrĂ©e difficile. Mais il y a, aujourd’hui, quelque chose de l’ordre du raisonnement par l’absurde. AprĂšs l’épisode des retraites, les Ă©meutes, en pleine crise de l’inflation et du pouvoir d’achat, le prĂ©sident s’est offert le luxe de prendre 100 jours pour ne rien dĂ©cider, et a affichĂ© ouvertement ses tergiversations, quand les Français attendaient des rĂ©ponses. 100 jours qui s’achĂšvent entre rustines et nominations par voie de presse.

Il y a, aussi, dans cette façon dont Elisabeth Borne a Ă©tĂ© reconduite Ă  Matignon, sans solennitĂ© aucune, ainsi que cette façon dont les noms des nouveaux entrants a Ă©tĂ© Ă©grenĂ© toute la journĂ©e en l’absence d’annonce officielle, quelque chose de l’ordre de l’affaissement des institutions. Et, comme depuis le dĂ©but de ce second mandat, ce sentiment de flottement qui n’en finit pas.

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