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Édito
Emmanuel Macron en visite dans le Jura : le président de la République se raccroche aux branches du bon vieux temps
Les graines semées lors de son déplacement au Moyen Orient n'ont pas germé. Emmanuel Macron n'est pas au cœur du jeu, vendredi 24 novembre, dans la mise en œuvre de la trêve et de la libération des otages. Alors il reprend son combat écologique, ce front sur lequel il veut à tout prix percer, ce quinquennat sera vert ou ne sera pas, avait annoncé le chef de l’État pendant l'entre-deux tour l'an dernier.
Vendredi après-midi le Président plante donc des cèdres de l'Atlas, des sapins et des érables. Avec des collégiens de sixième, dans une forêt jurassienne ravagée par les grands feux de l'été 2022. Après ces incendies spectaculaires, il avait fixé l’objectif d’un milliard d’arbres plantés en 10 ans. À la rentrée, il a annoncé vouloir que tous les enfants d'une génération plantent leur arbre pour aider à y parvenir. Opération un élève un arbre : le président voudrait en faire un rite pour les adolescents, comme passer le bac ou le permis, son entourage parle de "rituel républicain".
Samedi 25 novembre, c’est la Sainte Catherine et selon le dicton : "à la sainte Catherine, tout bois prend racine". L’Élysée explique vouloir "revivifier la tradition dans un monde où beaucoup de Français regrettent d’avoir perdu le lien avec la nature et où les jeunes ont soif d’engagement sur la question du climat". Octobre-novembre est la période propice pour bouturer ou planter, mais il n’y a jamais eu de tradition organisée, pas plus qu'à la Saint Abel le pays ne se recueille pour faire des confitures de mirabelles.
Une image rassurante et un retour à la tradition
Pour autant, c'est cela qui est intéressant dans la vision du palais : à la fois ce besoin de symbole, mais aussi, cette aspiration au retour à la coutume, même fantasmée. L’image des écoliers est jolie, elle est même forte. Mais pour les spécialistes de l’environnement le nombre d’arbres plantés est un très mauvais indicateur d’une bonne gestion forestière. Attention à ne pas encourager l'illusion qu’il suffirait de planter pour sauver le climat. La priorité absolue, c’est de réduire les émissions.
L’image des écoliers est jolie et elle est surtout rassurante. Un retour à la tradition, tout le contraire d'une injonction au changement radical. Une manière pour Emmanuel Macron d'amadouer ceux qui rêvent d'appuyer sur pause et de répéter que son écologie "à la française" voudrait ne pas brusquer pour ne pas braquer. En 2017, il prétendait incarner le nouveau monde. En 2023, le voilà qui se raccroche aux branches du bon vieux temps.
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