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Édito
Emmanuel Macron a fait du Emmanuel Macron
Emmanuel Macron était interviewé mercredi soir sur France2. Beaucoup attendaient de cette émission un nouveau cap pour le second quinquennat du Président, ils ont peut-être été déçus. L'édito politique de Jean-Rémi Baudot
Ceux qui attendaient du nouveau ont peut-être été décus mais ils n'ont pas été déboussolés par "L'Evénement" avec Emmanuel Macron, mercredi 26 octobre sur France 2, car cette interview avait au minimum le mérite de la constance. Un peu plus d’une heure d’un Président tour à tour professoral avec ses tableaux, pédagogue sur l’inflation, protecteur quand il a repris cette casquette qu’on lui connait si bien depuis le Covid : "Nous allons passer cette tempête".
Mais derrière ça, ce fût un Emmanuel Macron sans souffle, sur la défensive, sans aucun doute et finalement sans remise en question. Le sous-titre de toute son intervention, c’était : on ne change rien, on continue.
Emmanuel Macron assume ses choix et sa politique. Assumer, en terme de communication politique, c'est pas mal mais vous ne touchez que ceux qui sont déjà convaincus. Vous n’allez pas plus loin. Cette méthode lui permet-elle d’apporter réellement des réponses aux inquiétudes des Français puisque c’était quand même l’idée de cette interview ? Entend-il seulement ? Sent-il réellement le pays ?
"Macron saison 2" n’a jamais autant ressemblé à "Macron saison 1"
A la famille qui galère avec son chariot plombé par l’inflation, il applaudit la France qui travaille. On lui parle salaire, il répond dividendes salariés. On lui parle écologie, il répond voitures électriques.
Il y a eu quelques annonces notamment pour les entreprises. Quelques belles punchlines, "En France on n’a pas de pétrole mais on a du lithium", mais en réalité, cette interview aurait pu avoir lieu il y a un an ou même avant sa campagne. Le "Macron saison 2" n’a jamais autant ressemblé au "Macron saison 1".
Pourquoi changer ? L'idée n’est pas de changer pour changer mais changer après avoir entendu le pays, les inquiétudes, l’état d’esprit des Français et accessoirement la nouvelle donne au Parlement. Justifier c’est son action, ça n’est pas forcément rassurer. Et ça, il me semble que le Président ne le perçoit pas. Mais il ne l’a probablement jamais réellement perçu. Combien de fois a-t-on entendu le Président ou des ministres expliquer que si une décision politique n’était pas acceptée, c’est que les Français n’avaient pas compris et qu’il fallait faire encore de la pédagogie ?
Je parlais de constance un peu plus tôt, il y a probablement même une forme de cohérence. A l’Elysée on ne se pense pas dans un second quinquennat, on se voit dans une seule et même présidence. C’est pour ça qu’Emmanuel Macron martèle que son cap n’a pas changé depuis le début. Mercredi soir, il a même repris son slogan de 2017, "libérer, protéger".
C’est peut être oublier un peu vite que le monde a changé. Covid, guerre en Ukraine, inflation : 2022 n’est pas 2017. A moins que le seul qui n’ait pas changé ce soit Emmanuel Macron.
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