Édito
Convocation de Mathilde Panot, plainte contre Fabrice Leggeri... Y a-t-il un risque de judiciarisation de la vie politique ?

En pleine campagne pour les élections européennes, la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale est poursuivie pour "apologie du terrorisme", alors que le numéro 3 sur la liste RN pour le scrutin de juin est lui visé par une plainte pour complicité de crime contre l’humanité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Mathilde Panot présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale ( à gauche) et Fabrice Leggeri, numéro 3 sur la liste du RN aux européennes. (QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP et STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

La justice a fait irruption mardi 23 avril dans la campagne des élections européennes avec deux procédures. L’une vise la France insoumise, l’autre le Rassemblement national. La première, c’est la convocation par la police de Mathilde Panot. La patronne du groupe insoumis à l’Assemblée nationale est poursuivie pour "apologie du terrorisme" à cause du communiqué qu’elle a publié après les massacres commis par le Hamas, un texte dans lequel elle qualifiait l’attaque terroriste du 7 octobre d'"offensive armée des forces palestiniennes" répondant à "l’intensification de la politique d’occupation israélienne". Ces propos lui ont valu une plainte de l’organisation juive européenne. L’autre procédure, c’est la plainte déposée pour complicité de crime contre l’humanité et complicité de torture par la Ligue des droits de l’homme et l’association Utopia 56 contre Fabrice Leggeri, numéro 3 sur la liste du RN conduite par Jordan Bardella. L’ex-patron de Frontex est accusé d’avoir multiplié les refoulements illégaux en mer de bateaux de migrants et d’en avoir livré aux garde-côte libyens malgré les risques encourus.  

L'indignation du RN et des Insoumis


Des plaintes qui arrivent en pleine campagne européenne, ce qui a suscité les colères siamoises de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon. La première a accusé des "associations d’extrême gauche" de vouloir "réduire au silence" ceux qui s’opposent à la "submersion migratoire". Le second juge que la convocation de Mathilde Panot est "un événement sans précédent dans l’histoire de notre démocratie" qui vise, à vouloir "faire taire" les Insoumis pour "protéger le génocide en cours à Gaza". Bon, il est normal que le RN et les Insoumis s’indignent de voir leurs campagnes percutées par ces procédures, même si elles leur permettent aussi de souder un peu plus leurs troupes en posant en victimes de prétendus assauts du pouvoir. Rappelons également que Mathilde Panot et Fabrice Leggeri restent présumés innocents et qu’ils ne sont pas même mis en examen.
 

Rien ne permet d'affirmer que ces plaintes sont liées au contexte électoral. Depuis le 7 octobre, certains Insoumis ont accumulé les déclarations propres à susciter des dépôts de plaintes. Et des ONG demandaient à la Cour pénale internationale d’enquêter sur les agissements de Fabrice Leggeri depuis déjà deux ans. On constate néanmoins depuis quelques années une inflation des procédures de toutes natures contre des élus de toutes étiquettes. Et la judiciarisation de la vie politique n’est jamais un signe de bonne santé de la démocratie.

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