Édito
Comment enrayer l’envol du RN ? Le casse-tête du gouvernement tourne à l'obsession

En cette fin d’année, un sujet d’inquiétude monte au sein de la majorité, c’est la progression de Marine Le Pen.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, le 24 novembre 2023. (PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP)

Un casse-tête qui tourne à l’obsession du côté de l’Élysée comme au sein du gouvernement : comment enrayer l’envol de l’extrême droite ? La liste du RN pour les européennes caracole en tête des sondages, les traits d’images de Marine Le Pen s’améliorent dans les enquêtes d’opinion, et dans le baromètre annuel que l’institut Verian (ex Kantar public) consacre au RN, publié par Le Monde et franceinfo, le parti se banalise et une majorité de Français considère désormais Marine Le Pen, non plus comme la représentante d’une "extrême droite nationaliste et xénophobe", mais d’une "droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles".

Pour l’heure, aucune réaction de l’exécutif. Encéphalogramme plat. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, va bien porter le fer dans les villes gérées par le RN, mais le reste de la majorité semble comme tétanisé. Pour les européennes, les poids lourds se défilent et Renaissance n’a toujours pas de tête de liste. Le débat tourne autour des sujets fétiches du RN, sécurité et immigration. Le parti lepéniste exploite sans vergogne les attentats terroristes et les faits divers mais se tait sur tout le reste : le réchauffement climatique, l’emploi, le social ou l’éducation. Et aucun ténor ne cherche à le débusquer. Marine Le Pen se paye même le luxe d’essayer de rassurer les milieux patronaux, sans grand succès pour l’instant. En fait, la majorité a du mal à changer de cible. Obnubilée par les dérapages et provocations de Jean-Luc Mélenchon, elle peine à ajuster le tir contre le RN.

L'action pour contrer

Quels atouts conserve la majorité ? L’action. C’est, par exemple, le mot d’ordre de Bruno Le Maire. Pour battre l’extrême droite, il veut relancer les réformes pour rendre le "modèle social plus juste et plus efficace" et atteindre l’objectif du plein emploi. Son collègue et rival Gabriel Attal prône la même philosophie en matière d’Éducation. Il entend réparer "l’ascenseur scolaire" pour redonner espoir aux parents de la classe moyenne en un avenir meilleur pour leurs enfants. Bref, il s’agit de montrer que la politique peut-être utile pour changer la vie au quotidien. Car au fond, la progression de l’extrême droite reste d’abord un symptôme des insuffisances du pouvoir en place. D’ailleurs, si dans les sondages, Marine Le Pen fait moins peur, une nette majorité de Français considère toujours qu’elle ne ferait pas mieux que le gouvernement actuel.

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