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Édito
14-Juillet : pourquoi Emmanuel Macron ne parlera pas
D'éventuelles nouvelles violences viendraient entraver une fois de plus l’exécutif dans sa tentative de sortie de crise, alors que les 100 jours ont déjà été percutés par les émeutes. Cela contredirait, aussi, le discours du gouvernement sur l’ordre revenu, érigé pour l’instant en première et seule réponse aux émeutes. Enfin, cela viendrait mettre à bas l’image d’un gouvernement qui maîtrise les événements.
Ce n’est pas un hasard si Emmanuel Macron, depuis Vilnius mercredi 12 juillet, s’est senti obligé de préciser qu’il n’y avait pas eu d’émeutes ces tout derniers jours en France. La réalité, c’est que ce semblant d’ordre n’a rien d’acquis, et que le pouvoir est fébrile, parce que le contexte est fragile.
Pas de prise de parole d'Emmanuel Macron
Difficile effectivement de se plier à la traditionnelle interview du 14-Juillet dans le contexte. Imaginez le président appeler à la concorde, quand dans la rue les voitures brûlent. Les bénéfices de cette prise de parole seraient immédiatement effacés.
Et puis si Emmanuel Macron ne parle pas, c’est aussi qu’il n’a rien à dire. Ce n’est pas le moindre des paradoxes, pour un président jamais avare de commentaires en période de crises : Covid, "Gilets jaunes", retraites, on le lui a même reproché. Mais aujourd'hui, Emmanuel Macron dit vouloir comprendre d’abord. Quand droite et extrême droite font le lien entre immigration et violences, "Les choses sont plus compliquées que les réflexes pavloviens voudraient le dire", répond le président. Gérald Darmanin avait pointé la présence de "Kevin" et de "Matteo" parmi les émeutiers.
Paradoxe
D’un côté Emmanuel Macron dit vouloir engager un travail en profondeur pour analyser ces violences, et en même temps il refuse d’y réagir, comme s’il voulait les enjamber, passer à autre chose avant de s’exprimer ou de remanier son gouvernement, quitte à alimenter un sentiment de flottement.
Et quand on parle avec l’entourage du président, les priorités sont les mêmes qu’après la séquence des retraites : ordre républicain, progrès, école, santé, plein emploi... Emmanuel Macron est d’ailleurs resté droit dans son bilan : les émeutes ne sont l’effet ni d'un sous-investissement dans les quartiers, ni dans l'éducation, a-t-il tranché. En fait, c’est un peu comme si le président était moins préoccupé par les causes de la crise que par ses conséquences : l’exaspération des Français et une potentielle montée du Rassemblement national.
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