D'une jurisprudence l'autre. Les politiques plus vite démissionnés que les autres
"Tant que la procédure judiciaire ne l'empêche pas de
diriger l'entreprise", Stéphane Richard peut en rester à la tête. C'est la position de François Hollande, au nom de l'Etat,
principal actionnaire de l'opérateur. Le président met en avant "l'intérêt de l'entreprise"
pour justifier ce choix. Il considère donc que la gestion d'Orange n'est pas affaiblie par la mise en examen de
son patron, Que l'image de l'opérateur n'est pas ternie par cette mise
en cause, Ou peut-être, Que cette image serait encore plus altérée par sa démission.
Affaiblir Orange, reviendrait à affaiblir ses performances,
et par conséquent ses salariés.
Une donnée importante pour le pouvoir politique, qui n'a
aucun intérêt à prendre cette responsabilité. Et cela d'autant plus que les salariés conservent leur
confiance enleur patron. Quand la même question est posée concernant des ministres en
exercice, la réponse est généralement inverse. Un ministre mis en examen, quelle que soit la présomption d'innocence,
c'est un ministre dont la sincérité est mise en doute. Un ministre dont la parole est moins crédible. Par ricochet, il entache également celle de ses collègues,
qui le défendent. Il entrave l'action du gouvernement, et se trouve donc
sacrifié.
C'est un peu ce qui s'est
passé avec Jérôme Cahuzac...
C'est ce qui a été reproché au gouvernement. Avoir conservé sa confiance au ministre, alors qu'il était
mis en cause dans la presse. Depuis, Jérôme Cahuzac a démissionné, avant sa mise en
examen, à l'occasion de l'ouverture d'une information judiciaire. L'argument officiel était que quitter le gouvernement lui
permettait de mieux défendre son honneur. La raison officieuse était que Jérôme Cahuzac avait perdu sa
capacité à remplir correctement son ministère. Sa capacité politique était empêchée par cette enquête. D'autres ministres avant lui ont du renoncer à siéger au gouvernement,
Dominique Strauss-Kahn, dans l'affaire de la MNEF, avant d'obtenir un non lieu,
ou à droite Georges Tron, blanchi depuis.
A l'inverse, Eric Woerth était resté. Les politiques étant des responsables comme les autres, qui
ont droit à la présomption d'innocence. Telle était la lecture de Nicolas Sarkozy. Mais il n'est pas possible d'affirmer que cette posture,
assumée par tout le gouvernement, a vraiment bénéficié à l'équipe sortante,
battue aux élections.
Pourquoi François
Hollande établit-il une différence entre responsables politiques et
économiques.
Pour le président de la République, les politiques doivent être
exemplaires. Dans leur comportement personnel vis-à-vis des intérêts de l'Etat,
de l'intérêt général autrement dit. C'est au nom de ces intérêts que Stéphane Richard reste à la
tête d'Orange. C'est aussi au nom de l'intérêt général que l'Etat se porte
partie civile, et que l'arbitrage Tapie Crédit Lyonnais lui-même, peut être
remis en cause.
Mais l'argument le plus politique de François Hollande, se
déniche au détour d'une phrase :
"J'aurai pu en profiter pour
écarter ce dirigeant "
ancien directeur de cabinet de la très sarkozyste Christine
Lagarde. Ce que veut mettre ainsi en avant François Hollande, c'est
son impartialité.
Même si c'est à sa portée, il n'est pas animé par une
vengeance politique personnelle.
C'est lui qui le suggère. De la démission de Jérôme Cahuzac, aux lois sur la
transparence, en passant par le maintien de Stéphane Richard, François Hollande
s'efforce de redorer le blason extrêmement terni des politiques. La partielle
de Villeneuve sur Lot, où le FN se qualifie pour el second tour aux dépens du PS
en constitue la preuve.
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