Conseil national de la refondation : la stratégie risquée des opposants qui le boycottent
Emmanuel Macron lance aujourd’hui le Conseil national de la refondation, une grand-messe qui est supposée illustrer le "changement de méthode" promis par le président. Mais l’ensemble des partis d’opposition boycotte le rendez-vous.
Du Rassemblement national aux Insoumis en passant par les Verts ou LR, tous les partis ont un objectif : savonner la planche du chef de l’Etat. Pas question de lui donner un coup de main, même indirectement, et donc pas question d’accepter d’échanger, de dialoguer. En cette rentrée bouillante, l’heure est à l’opposition frontale, sans concession, une attitude adoptée également par certains syndicats comme la CGT, Force ouvrière ou la FSU.
C'est une stratégie risquée. La politique de la chaise vide, c’est toujours dangereux. Surtout lorsqu’il s’agit d’échanger sur des enjeux aussi lourds et qui touchent d’aussi près aux préoccupations quotidiennes des Français que l’éducation, la santé, le climat, le plein-emploi et le "bien vieillir", les cinq thèmes au programme de ce CNR.
L’Elysée préfère mettre l’accent sur la quarantaine de présents, comme les associations d’élus, la CFDT, la FNSEA ou encore la CPME. Le risque pour les opposants boycotteurs, c’est d’apparaître comme sectaires à un moment où l’addition de crises, énergétique, sociale, climatique justifierait pragmatisme et recherche de consensus. Pour l’opposition, il y a une vraie contradiction : d’un côté, elle réclame davantage de dialogue à l’Assemblée nationale, où l’exécutif n’a qu’une majorité relative ; de l’autre, elle refuse de participer aux débats du CNR.
Le président du Sénat aussi
Gérard Larcher reproche au CNR de vouloir contourner le Parlement. Une posture assez étonnante, d’abord parce que le CNR doit accoucher de "constats partagés" et d’une méthode de travail, mais la loi continuera bien sûr de se faire au Parlement. Gérard Larcher oppose démocratie participative et démocratie parlementaire, comme si la première ne pouvait pas contribuer à régénérer la seconde. Au vu des taux d’abstention record aux élections, il y a même urgence.
Rappelons au passage que le Sénat n’est pas un modèle démocratique : les sénateurs ne sont élus que par une poignée de grands électeurs. En fait, avec ce boycott, on voit que le principal moteur des oppositions, à droite comme à gauche, ça reste l’anti-macronisme. Et c’est aussi un aveu de faiblesse. Parce que cette attitude n’a pas empêché le président d’être réélu. En 2027, il ne sera plus là pour servir de cible. Les opposants qui prétendent lui succéder vont devoir trouver des idées neuves.
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