Face à la répression routière de plus en plussournoise, nombre de véhicules sont équipés de cet appareil qui, soit interditde dépasser la vitesse limite quelle que soit la pression sur l'accélérateur,soit laisse la voiture gérer toute seule la vitesse qu'on lui a indiquée sansque l'on ait besoin de toucher aux pédales.Il y a une dizaine d'années, plusieursplaintes avaient dénoncé des régulateurs bloqués et des voitures devenuesincontrôlables, mais aucune n'avait débouché sur un procès contrairement à cequi s'était passé aux Etats-Unis.Dépasser avec un régulateur suscitedes comportements à risqueAujourd'hui, ce ne sont plus lesdysfonctionnements qui inquiètent mais bien le fonctionnement de ces appareilset leurs répercussions sur la conduite dans le trafic autoroutier. Le Centred'investigations neurocognitives et neurophysiologiques de l'université deStrasbourg a mesuré l'influence du régulateur sur l'hypovigilance et lasomnolence au volant. Et c'est la fondation Vinci Autoroute, donc l'émanationd'un des principaux concessionnaires d'ouvrages à péages qui rend public lesrésultats : ils sont inquiétants !Dépasser avec un régulateur suscitedes comportements à risque. On se rapproche davantage du véhicule qui vous précèdeavant de déboiter en changeant de file, car on apprécie moins la vitesse nonmodulable du régulateur, et, une fois le dépassement terminé, on ne se rabatpas, on reste plus longtemps sur la file de gauche.L'hypovigilance se manifeste aussi parles trajectoires, on réajuste moins souvent le volant pour rester en lignedroite. Et plus le trajet dure moins on touche le volant. Car, c'est là le plusgrave : l'automatisation de la conduite diminue les réflexes. Une seconde deplus pour appuyer sur le frein en cas d'obstacle ou de ralentissement, c'est 40mètres de perdus à 130 km/h.Et puis surtout, à partir d'une heure de conduiteavec le régulateur, on s'endort, les épisodes de somnolence sont 25% plusnombreux et quand on sait que la somnolence est désormais la première causeavec un tiers des accidents sur autoroute, il vaut mieux être prévenu et s'arrêterplus souvent pour faire une pause. Ça ne veut pas dire qu'il faut déconseillercet instrument, mais il faut l'utiliser à bon escient et ne pas hésiter à ledésactiver quand le trafic est trop dense ou dans une zone de travaux.Cetteétude de 2013 ne prend pas en compte les nouveaux régulateurs dits "intelligents". Avec eux, ça peut tourner à l'addiction. Vous pouvez programmerla distance optimale avec le véhicule qui vous précède et le suivre enaccélérant ou ralentissant derrière lui pendant des kilomètres. Mais quandcelui-ci ralentira brusquement, votre régulateur se transformera en freinaged'urgence, même à 130 km/h. Pour l'instant, ce système est réservé aux hauts degamme, allemands, japonais et suédois. Sur les voitures françaises, en cas d'urgence, lerégulateur se déconnecte et c'est au conducteur de sauter sur les freins. Au moins, ça oblige à restervigilant.