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Limiteurs, régulateurs de vitesse, n'hésitez pas à les désactiver

Si vous êtes en ce moment même sur l'autoroute en rentrant de week-end, un conseil, ne faites pas une confiance aveugle à votre régulateur de vitesse.
Article rédigé par Denis Astagneau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Face à la répression routière de plus en plus
sournoise, nombre de véhicules sont équipés de cet appareil qui, soit interdit
de dépasser la vitesse limite quelle que soit la pression sur l'accélérateur,
soit laisse la voiture gérer toute seule la vitesse qu'on lui a indiquée sans
que l'on ait besoin de toucher aux pédales.

Il y a une dizaine d'années, plusieurs
plaintes avaient dénoncé des régulateurs bloqués et des voitures devenues
incontrôlables, mais aucune n'avait débouché sur un procès contrairement à ce
qui s'était passé aux Etats-Unis.

Dépasser avec un régulateur suscite
des comportements à risque

Aujourd'hui, ce ne sont plus les
dysfonctionnements qui inquiètent mais bien le fonctionnement de ces appareils
et leurs répercussions sur la conduite dans le trafic autoroutier. Le Centre
d'investigations neurocognitives et neurophysiologiques de l'université de
Strasbourg
a mesuré l'influence du régulateur sur l'hypovigilance et la
somnolence au volant. Et c'est la fondation Vinci Autoroute, donc l'émanation
d'un des principaux concessionnaires d'ouvrages à péages qui rend public les
résultats
: ils sont inquiétants !

Dépasser avec un régulateur suscite
des comportements à risque. On se rapproche davantage du véhicule qui vous précède
avant de déboiter en changeant de file, car on apprécie moins la vitesse non
modulable du régulateur, et, une fois le dépassement terminé, on ne se rabat
pas, on reste plus longtemps sur la file de gauche.

L'hypovigilance se manifeste aussi par
les trajectoires, on réajuste moins souvent le volant pour rester en ligne
droite. Et plus le trajet dure moins on touche le volant. Car, c'est là le plus
grave : l'automatisation de la conduite diminue les réflexes. Une seconde de
plus pour appuyer sur le frein en cas d'obstacle ou de ralentissement, c'est 40
mètres de perdus à 130 km/h.

Et puis surtout, à partir d'une heure de conduite
avec le régulateur, on s'endort, les épisodes de somnolence sont 25% plus
nombreux et quand on sait que la somnolence est désormais la première cause
avec un tiers des accidents sur autoroute, il vaut mieux être prévenu et s'arrêter
plus souvent pour faire une pause. Ça ne veut pas dire qu'il faut déconseiller
cet instrument, mais il faut l'utiliser à bon escient et ne pas hésiter à le
désactiver quand le trafic est trop dense ou dans une zone de travaux.

Cette
étude de 2013 ne prend pas en compte les nouveaux régulateurs dits "intelligents". Avec eux, ça peut tourner à l'addiction. Vous pouvez programmer
la distance optimale avec le véhicule qui vous précède et le suivre en
accélérant ou ralentissant derrière lui pendant des kilomètres. Mais quand
celui-ci ralentira brusquement, votre régulateur se transformera en freinage
d'urgence, même à 130 km/h. Pour l'instant, ce système est réservé aux hauts de
gamme, allemands, japonais et suédois. Sur les voitures françaises, en cas d'urgence, le
régulateur se déconnecte et c'est au conducteur de sauter sur les freins. Au moins, ça oblige à rester
vigilant. 

 

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