L'ACTU DES REGIONS - SAINT-ETIENNE pionnière des "quartiers créatifs"

On pourrait croire qu'il s'agit d'une erreur. Sur la liste
prestigieuse des " villes créatives " établies par l'Unesco,
Saint-Etienne voisine avec Berlin, Buenos Aires, Shanghai ou Montréal. En
France, elle est la seule, avec Lyon, à être ainsi distinguée.

 Qu'est qu'une ville créative ? Le concept a été forgé
par un essayiste américain, Richard Florida : selon lui, un territoire a
d'autant plus de chances de connaître la prospérité qu'il saura attirer les
membres de ce qu'il appelle la " classe créative ", c'est-à-dire des individus
bardés de diplômes, cultivés, à l'aise avec les nouvelles technologies, etc. Le
talent attirant le talent, mais aussi les entreprises et les investisseurs. Un
peu sur le modèle de la Silicon Valley.

 Ceux qui ne voient en Saint-Etienne qu'une cité industrielle
en crise dotée d'un prestigieux club de foot s'étonneront de la voir prétendre
au titre de " ville créative ". Ils ont à la fois raison et tort.
Raison, car Saint-Etienne, objectivement, va mal. Elle est l'une des rares agglomérations
de France à connaître un sérieux déclin démographique. Conséquences des
fermetures en série qui se sont abattues sur elle : des mines de charbon à
Creusot-Loire, en passant par Manufrance et Giat Industries...

 Mais les sceptiques ont tort, aussi. Car la préfecture de la
Loire dispose depuis des siècles d'un savoir-faire technique et industriel
exceptionnel. C'est bien pour conforter cette tradition d'innovation que
Saint-Etienne a fait appel à l'urbaniste Alexandre Chemetoff pour bâtir, donc,
son quartier créatif, dénommé Manufacture Plaine Achille. L'idée consiste à
rassembler sur un même espace des étudiants, des chercheurs, des entreprises de
pointe et des artistes. En espérant faire naître ainsi les emplois de demain.

 Saint-Etienne ne part pas de rien puisqu'on trouve déjà dans
ce quartier la cité du design, le pôle optique Rhône-Alpes, l'école supérieure
d'art et de design, sans oublier une école d'ingénieurs Telecom et demain le
théâtre de la Comédie.

 Cela dit, il est encore trop tôt pour savoir si cette
stratégie suffira à enrayer le déclin de Saint-Etienne. Des critiques se font déjà
entendre sur la dimension du quartier, sans doute un peu trop vaste. Il est
vrai aussi que la part de cadres et de diplômés est l'une des plus faibles de
France.

 Mais la méthode paraît intéressante dans la mesure où elle
est en adéquation avec l'histoire de la ville et rencontre de premiers succès.
Un pôle médias est en effet en train de se constituer, avec notamment France 3
et France Bleu Loire. Un début encourageant.