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Observer la nature pour le compte des scientifiques

Dans le cadre d'un programme baptisé Vigie-Nature, chaque année des chercheurs et des associations invitent le grand public à aller sur le terrain recueillir des données sur la faune et la flore.
Article rédigé par franceinfo
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Franceinfo (Franceinfo)

Il serait bien difficile pour les biologistes de quadriller, à eux seuls, l'ensemble du territoire français pour recenser et compter les différentes espèces animales et végétales. D'où cette idée des chercheurs de faire appel au grand public pour observer la biodiversité. Le programme Vigie-Nature, initié il y a plus de vingt ans par des chercheurs du Muséum national d'Histoire naturelle, est un programme de sciences participatives qui s'étoffe d'années en années. 

Pour participer pas besoin d'être spécialiste. Les scientifiques établissent des procédures d'observation précises et faciles à suivre. Par exemple, si vous choisissez de participer au suivi des oiseaux des jardins, vous devrez  compter régulièrement les oiseaux qui visitent un espace vert délimité. On peut aussi choisir de regarder les papillons, les escargots, les chauves-souris ou encore les plantes. Une fois les données recueillies, il ne reste plus qu'à les envoyer aux chercheurs via un site internet dédié. 

Que font les scientifiques de ces données recueillies par le grand public sur le terrain ?

Ces données leur permettent de suivre l'évolution de la biodiversité et d'étudier l'impact de nos activités sur les différentes espèces qui nous entourent. Il s'agit par exemple de voir de quelle manière le réchauffement climatique, l'urbanisation ou encore les pratiques agricoles agissent sur les écosystèmes.

Les données récoltées au cours de ces dernières années grâce à Vigie-Nature ont déjà permis d'alimenter de nombreuses études. Et les scientifiques en redemandent puisque, cette année, ils ajoutent au programme une nouvelle opération. Nom de code : "Insectes et ciel étoilé".

Cette fois les chercheurs s'intéressent aux effets de la pollution lumineuse sur les insectes nocturnes. Beaucoup d'insectes vivent la nuit. En France métropolitaine, par exemple, on compte 5.000 espèces de paillons de nuit pour 20 fois moins de papillons de jour.

Bon nombre d'insectes nocturnes jouent un rôle essentiel dans la pollinisation des plantes à fleurs. Alors, à quel point la multiplication des éclairages artificiels la nuit perturbe-t-elle ces insectes ? C'est à cette question que voudraient répondre les chercheurs avec cette nouvelle enquête.

• Qu'est ce que les volontaires vont devoir faire pour y participer ?

Les observations à mener ne requièrent ni matériel compliqué, ni compétences préalables en astronomie ou en entomologie. Un guide très simple a été conçu pour aider les  participants à reconnaître les insectes et les étoiles.

Concrètement il y a deux missions distinctes à remplir. La première a pour but d'évaluer l'abondance et la diversité des espèces d'insectes. Elle consiste à installer au coucher du soleil une ampoule au-dessus d'un drap blanc pour, une heure après, compter et identifier toutes les petites bêtes qui auront été attirées par ce dispositif. Pour la seconde mission il va falloir tourner les yeux vers le ciel.

La seconde mission a pour objectif d'estimer la pollution lumineuse. Après avoir habitué ses yeux à l'obscurité, il faudra repérer une constellation bien précise, celle du Lion, de la Vierge ou du Cygne (cela dépendra de la période d'observation). Et il faudra noter les étoiles de la constellation visibles à l'œil nu.

Sensibiliser le grand public aux enjeux environnementaux

Il y a aussi une volonté de la part des chercheurs et des associations impliqués dans ce programme, de sensibiliser le grand public. Ces opérations ont clairement des vertus pédagogiques. D'ailleurs Vigie-Nature est en train de faire son chemin dans les écoles. Des outils pédagogiques ont été adaptés aux programmes scolaires pour que des élèves, du primaire au lycée, puissent, avec leurs enseignants, participer à certaines enquêtes.

Il ne s'agit plus uniquement de récolter des données sur le terrain mais aussi de les analyser et de mettre en œuvre une véritable démarche scientifique. C'est l'occasion de faire des sciences un peu différemment à l'école. Ce programme baptisé Vigie-Nature Ecole a été expérimenté  pendant 3 ans dans 150 classes en Ile de France. Et maintenant il s'étend à toutes les académies.

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