Un nouveau traitement pour les TOC
Le Dr Luc Mallet, Directeur de recherche à l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, à Paris, vient de recevoir avec son équipe le prix Marcel Dassault en lien avec la fondation "FondaMental". Ce prix récompense les travaux les plus innovants en psychiatrie. Leur recherche porte sur la neurostimulation du cerveau des patients atteints de TOC, une technique pionnière, porteuse d'espoir pour des patients sur lesquels les traitements classiques n'ont pas ou peu d'effets.
Les TOC
Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est caractérisé par deux types de symptômes : des pensées intrusives, angoissantes et envahissantes qui peuvent être présentes plusieurs heures durant la journée, et des comportements exagérés, ou répétés à outrance (par exemple passer la nuit entière à faire le ménage, refaire chaque action au moins six fois, se laver à l'eau de Javel).
Les patients rapportent spontanément le caractère absurde de ces idées et rituels. La notion de contrainte est essentielle : "Je DOIS me laver pendant 10 minutes chaque jambe, puis 10 minutes chaque bras, etc. " ou alors "Si j'ai raté la vérification de mes portes, il faut que je recommence. "
Le TOC est considéré comme pathologique lorsque ces obsessions et les compulsions qui leur sont associées ont une répercussion sur la vie quotidienne, c'est le cas pour 2% de la population. Le TOC devient alors une maladie chronique qui peut durer des années sans traitement. Il entraîne un handicap psychosocial majeur : arrêt de travail, abandon de la vie sociale, ruptures familiales, etc.
Deux types de traitements reconnus efficaces
Les psychothérapies cognitives et comportementales (TCC) et la prise de certains antidépresseurs aident à soigner les TOC. Malheureusement, parfois, cela ne suffit pas : 20% des patients ne voient pas leur état s'améliorer malgré ces traitements. La technique de la neurostimulation est une approche encore expérimentale, mais qui donne déjà des résultats.
La neurostimulation
La stimulation cérébrale profonde (SCP) consiste à influencer directement le fonctionnement d'une petite partie du cerveau : les ganglions de la base, qui sont impliquées dans le contrôle de l'action et de la pensée.
Concrètement, des électrodes sont implantées dans les ganglions de la base et délivrent un courant en continu grâce à un pacemaker placé sous la clavicule. C'est un traitement à vie.
Du fait du caractère invasif de cette technique, la stimulation cérébrale profonde n'est envisagée que dans les cas les plus graves de troubles obsessionnels compulsifs, notamment ceux qui se sont avérés résistants aux stratégies thérapeutiques habituelles, à savoir la prescription d'une psychothérapie et d'un traitement médicamenteux. Les premiers retours sont très encourageants : chez 70% des patients la situation s'était considérablement améliorée, pouvant aller jusqu'à une disparition des symptômes. La question restait de savoir si les bénéfices allaient être persistants dans le temps et il semble que oui. Cet effet dure et même se renforce dans le temps.
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