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La consommation d'anxiolytiques et de somnifères en hausse

Après avoir connu un léger reflux ces dernières années, la consommation des Benzodiazépines est repartie à la hausse (famille de médicaments incluant notamment les anxiolytiques et les somnifères), révèle le dernier rapport de l'Agence nationale de la sécurité du médicament.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le rapport montre que pas moins de 134 millions de boîtes -toutes
catégories de benzodiazépines confondues – qui ont été écoulées en 2012 en
France. Dans le détail, les auteurs estiment qu'un français sur cinq en a consommé
au moins une  boîte dans l'année. Plus
inquiétant, pour un français sur dix, il s'agit, en fait, d'une consommation
très régulière.

L'utilisation prolongée inquiète les scientifiques : alors
que les recommandations sont de ne pas dépasser quatre semaines pour les
somnifères et 12 semaines pour les anxiolytiques (sauf cas particuliers), le
temps médian tourne plutôt autour de 20 mois !

En hausse malgré les risques

L'augmentation serait le résultat de la crise économique et de
ses conséquences sur la morosité ambiante, estime certains spécialistes.

Mais, plus généralement, on peut se dire que cette surenchère
dans la consommation des benzodiazépines échappe à toute rationalité. Les
Français sont devenus très critiques vis-à-vis des leurs médicaments ces
dernières années, suspicieux même. Les nombreux scandales ont permis de prendre
la mesure de l'importance d'une bonne évaluation du bénéfice et des risques
associés à un médicament.

Dans le cas des benzodiazépines, cette balance entre les
bénéfices et les risques n'est pas bon. Voilà une classe de médicaments dont on
estime que l'utilisation prolongée n'apporte pas de bénéfices, qui est associée
à des risques de dépendance qui pousse le patient à réclamer de nouveaux ses
benzodiazépines. Récemment, une série d'études montrent que les utilisateurs à
long terme sont plus souvent touchés par la maladie d'Alzheimer.

Inverser la tendance

Quatre grandes mesures sont envisagées par les auteurs
du rapport pour diminuer cette consommation :

Des recommandations plus strictes sur la durée de
prescription : quatre semaines maximum pour les somnifères comme pour les
anxiolytiques.

Des ordonnances sécurisées pour tous les benzodiazépines
(sur papier avec un filigrane spécial, pour éviter les falsifications). Sur les
50.000 ordonnances qui seraient falsifiées chaque année en France, c'est le
Stilnox qui occupe la première position !

Demander aux pharmaciens de délivrer une semaine de
traitement à la fois, pour éviter de voir les patients repartir chez eux avec un
stock de médicaments.

Une modification du conditionnement, avec des boîtes
contenant le nombre exact de comprimées prescrits.

Ces mesures vont dans le bon sens, mais elles doivent s'accompagner de grandes campagnes d'information.

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