Rémi Delescluse : "La quête du donneur peut se transformer en colère et donc en souffrance"
L’auteur du documentaire Les enfants du secret réalise un film très personnel sur la recherche du père donateur anonyme par ceux qui ont été conçus par insémination artificielle.
La recherche du père donateur concerne 70 000 personnes en France et cette situation pourrait évoluer. Le gouvernement doit présenter, le 24 juillet, un projet de révision de la loi de bioéthique, qui sera discuté au Parlement en septembre prochain, et qui permettrait l’accès aux origines pour les personnes nées grâce à un donneur anonyme.
Le documentaire Les enfants du secret, réalisé par Rémi Delescluse et diffusé ce mardi à 22h25 sur Arte, s'apparente à un travail plutôt intimiste. C'est l'histoire d'un homme qui découvre à l'âge de 5 ans que son père n'est en réalité pas son père, au sens biologique du terme.
"Ce n'était pas une évidence (de commencer par le personnel) mais en rencontrant des enfants conçus comme moi, j'ai été frappé par la ressemble que nous avions. J'ai alors voulu faire un film à l'horizontale, dans lequel j'étais au même niveau qu'eux", explique le principal intéressé, qui avoue être "en faveur de l'accès aux origines", au micro de franceinfo mardi 9 juillet.
En France, l'anonymat du donneur n'est plus garanti
Le projet de loi, qui doit être examiné à la rentrée, n'obligera pas tous les donneurs à accepter de laisser leurs coordonnées pour, qu'une fois majeurs, les enfants conçus grâce à leurs dons entament des recherches pour les connaître. Pour l'instant, seuls les volontaires pourront donner leur identité. Une fausse bonne idée pour Rémi Delescluse, qui estime que cette mesure va créer "une rupture d'égalité entre les enfants issus du don".
Le film met en lumière les freins administratifs et l'apparition, ces dernières années, de tests génétiques récréatifs qui ne garantissent plus l'anonymat du donneur en France. D'autres pays, notamment l'Angleterre, se montrent plus ouverts sur le sujet. "En 2005, l'Angleterre propose l'accès aux origines. On se rend compte que la première année, il y a une baisse des donneurs. Mais dès l'année suivante, ils reviennent, leur profil change et dix ans plus tard, le nombre de donneurs a doublé", analyse le réalisateur.
"La souffrance n'est pas liée au manque, ni au fait de ne pas connaître le donneur. Elle est née d'une colère, car il est très dur d'accepter que les informations existent mais qu'elles nous sont interdites", confie-t-il tout en précisant que son travail n'est pas un "film militant".
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