Les caricatures de Charlie Hebdo divisent la presse
La presse étrangère, qui relaie très largement l'affaire Charlie Hebdo, semble ne pas comprendre pourquoi le magazine publie ces dessins, maintenant, au moment où la tension est déjà vive. "Après une semaine de manifestations dans au moins 20 pays" écrit le journal sud-africain Times, "il se pourrait que la vague de colère qui touche le monde musulman frappe plus durement l'Europe" . Charlie Hebdo est "provocateur et opportuniste" pour le New York Times tandis que certains médias estiment même qu'il s'agit de provocation gratuite : Charlie Hebdo "cherche à attiser la colère des musulmans" indique ainsi le site middle-east online, hébergé à Londres. Quant au quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, il parle d'une d'"initiative discutable" , qui "jette de l'huile sur le feu" .
"On peut rire de tout, mais pas à n'importe quel moment"
L'expression est d'ailleurs aussi utilisée par la presse française. "Intégrisme : faut-il verser de l'huile sur le feu ?" si'nterroge ainsi Le Monde dans son éditorial. Le journal défend avec vivacité "la liberté de pensée et d'expression", mais estime que le moment n'était pas opportun. "Un humoriste avait dit 'on peut rire de tout mais pas avec tout le monde'. Moi, je pense qu'on peut rire de tout mais pas à n'importe quel moment" explique Erik Izraelewicz, le directeur du Monde. Rares sont les éditorialistes qui, comme Christophe Barbier, défendent sans conditions le choix de Charlie Hebdo. "Non, la presse ne peut pas tenir compte du contexte" estime le directeur de la rédaction de l'Express.
Parmi les dessinateurs de presse, certains ne comprennent pas le choix de Charlie Hebdo, comme Barrigue. Caricaturiste pour la presse suisse et créateur de la revue satirique Vigousse, "faire de la satire, c'est aussi avoir le sens des responsabilités. Il faut réfléchir à ce que cela peut enclencher" . Frap, dessinateur pour Presse Océan, est l'un des rares dessinateurs d'actualité à défendre ouvertement ses confrères de Charlie Hebdo : "notre boulot, c'est de mettre le doigt où ça fait mal. C'est comme ça qu'on fait réfléchir."
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