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"L’affaire qui a fait exploser la droite" : France 2 raconte comment le scandale Bygmalion a conduit à la déroute de François Fillon à la présidentielle

Tristan Waleckx, Gérard Davet et Fabrice Lhomme signent un documentaire passionnant pour le magazine "Complément d’enquête" jeudi soir.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Tristan Waleckx, l'un des auteurs de l'enquête "L’affaire qui a fait exploser la droite". (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

C’est une annonce qui a fait l’effet d’une bombe : en 2014, Jérôme Lavrilleux, proche de Jean-François Copé et directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, révèle le système de fausses factures mis en place pour cacher le dérapage des comptes. C’est le début de l’affaire Bygmalion, du nom de la société chargée d’organiser les meetings du candidat de la droite, et qui minorait le tarif réel des prestations.

À partir de cet instant, l’unité de façade à l’UMP a volé en éclats, pour aboutir in fine à la débâcle de 2017 : "Ce financement occulte était un secret de famille à droite. Cette révélation de Jérôme Lavrilleux a ensuite été instrumentalisée par les uns et les autres, par Fillon contre Copé et Sarkozy par exemple. Ce qui a alors créé un désir de vengeance pour essayer à leur tour d’embêter François Fillon quand il était candidat à la présidentielle", explique le reporter, prix Albert Londres, Tristan Waleckx, l’un des auteurs de l’enquête avec ses confrères du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme. L’affaire qui a fait exploser la droite est diffusé jeudi 11 mars sur France 2, dans l'émission "Complément d’enquête".

L’affaire Bygmalion a été le déclencheur d’un flot de haine au sein de la droite : "On a l’impression d’être dans un western. En 2012, on a un président de la République, un Premier ministre et le patron de l’UMP qui, en public, ont l’air de s’apprécier, mais en fait se détestent. Ils sont parvenus à s’entretuer", raconte Tristan Waleckx.

"Des petites mains qui vont peut-être se mettre à table"

Le documentaire contient les témoignages de tous les ténors de l’époque (Guéant, Copé, Hortefeux, Bachelot, Debré, Raffarin, Ciotti), à l’exception de Nicolas Sarkozy et François Fillon (que l’on entend toutefois brièvement par téléphone). Guillaume Lambert, qui dirigeait la campagne de Nicolas Sarkozy, s’exprime pour la première fois. Il contredit, documents à l’appui, la version du président-candidat, qui prétend n’avoir jamais été alerté des dépenses exorbitantes pour ses meetings.

Les journalistes ont aussi retrouvé Jérôme Lavrilleux, réfugié désormais dans le Périgord où il a monté une maison d’hôtes : "Il a dit la vérité, mais pas toute la vérité. Il continue à dire que cette fraude à 18 millions (un tiers du budget de l’UMP qui est parti en fausses factures) n’a pas de commanditaire", assure Tristan Waleckx. À une semaine du procès, pour lequel il comparaîtra aux côtés notamment de Nicolas Sarkozy, Jérôme Lavrilleux a demandé un report, car ses deux avocats ont contracté le Covid-19. "Je pense que le procès va être intéressant car il y aura le clan copéiste, le clan sarkozyste et des petites mains qui n’ont pas envie de porter le chapeau seules et qui vont peut-être se mettre à table", conclut Tristan Waleckx.

L’affaire qui a fait exploser la droite, un documentaire produit par la Feelgood Company, coréalisé par Tristan Waleckx, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, jeudi 11 mars à 22h55 dans "Complément d’enquête", sur France 2.

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