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Jacques Trentesaux, fondateur et dirigeant de Médiacités : "Les collectivités locales n'ont pas l'habitude de la presse d'investigation"

Le fondateur de "Médiacités" Jacques Trentesaux était l'invité d'"Info médias", mercredi 20 juin. Il revient sur l'évolution de ce nouveau journal d'investigation, décrié par plusieurs médias régionnaux.

Article rédigé par franceinfo, Didier Si Ammour
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"Médiacités" se propose d'être "le complément parfait de la presse quotidienne régionale." (Illustration) (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

En décembre 2016, le nouveau site spécialisé Médiacités voyait le jour. Qualifié de "Médiapart de l'info locale" en raison de son modèle payant et de son choix de faire de l'investigation, le site s'est notamment fait connaître grâce à plusieurs révélations. Il a dernièrement révélé un mélange des genres entre dépenses privées et argent public de la part du président de la métropole de Lille, ville dans laquelle Médiacités a été créée. 

Jacques Trentesaux reconnaît que Médiacités évolue non sans difficulté : "C'est dur, on se bat, on gagne des abonnés jour après jour même s'il faut aller les chercher." Le fondateur du site fait néanmoins que remarquer que des journalistes "tentent des choses" pour évoluer le journalisme et les enquêtes d'investigation. L'abonnement annuel de 59 euros, soit 16 centimes d'euros par jour, représente un prix abordable compte tenu "du travail fourni et du temps passé", estime Jacques Trentesaux, dont le média est implanté dans quatre villes : Lille, Lyon, Toulouse et Nantes. 

"L'investigation demande d'être totalement indépendant"

L'idée de Médiacités est de se démarquer de la presse régionale qui n'aurait pas le temps, les moyens voire l'envie de faire des investigations. "L'investigation sans concession demande de dire des choses et je pense que le public nous attend là-dessus. Pour cela, il nous faut être totalement indépendant et n'avoir aucun lien d'affaire avec qui que ce soit", rappelle Jacques Trentesaux. 

Ces "liens d'affaire avec le monde de la publicité ou des partenariats" justifie la présence de Médiacités dans le monde du journalisme et pourquoi il peut être "le complément parfait de la presse quotidienne régionale" selon Jacques Trentesaux. Évasion fiscale, opacité sur les dépenses publiques, vente des pesticides, Médiacités consacre ses enquêtes à tous types de sujets, surtout "lorsqu'il est question d'argent ou de personnalités."
Jacques Trentesaux évoque également l'animosité des nombreux médias à l'égard de la presse d'investigation et de Médiacités. "Les collectivités locales veulent avoir des relais médiatique et n'ont pas l'habitude de la presse d'investigation. Critiquer une collectivité locale lorsque l'on est un journaliste en région est une forme de trahison de son territoire" 
Par ailleurs, Jacques Trentesaux et son équipe s'emploie à prouver que Médiapart ne fait pas figure d'investigation, notamment grâce à "des gens qui comprennent la logique et qui transcendent leur devoir de réserve."

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