France Soir privé de dernier numéro
Le propriétaire Alexandre Pougatchev l'a fait savoir dans l'après-midi. Il invoque un "climat de menace" , qui rend "impossible" de "réaliser sereinement une édition de qualité" . Il fait là référence au coup de force de quelques dizaines de militants syndicaux qui ont envahi hier le siège du journal pour protester contre sa disparition. Cette occupation s'est mal passée. Plusieurs journalistes du quotidien se sont même dit choqués par ces méthodes, un peu trop violentes à leur goût.
"On avait recontacté d'anciennes plumes pour le dernier numéro"
Evidemment, cela ne change rien au fond du problème : France Soir devait de toutes façons disparaître des kiosques demain soir, pour tenter de retrouver un nouveau souffle sur Internet, comme l'a souhaité Alexandre Pougatchev. Mais les salariés tenaient à ce dernier numéro. "Beaucoup de journalistes avaient réfléchi à ce qu'on pourrait y dire, on avait recontacté des anciennes plumes du journal" raconte Franck Cartelet, délégué syndical SNJ-CGT. "Cette fin brutale, pour nous, c'est comme un second coup de massue" .
En général, quand un journal disparaît, les salariés choisissent soigneusement la dernière Une. Ils en profitent pour remercier leurs lecteurs, voire pour régler leurs comptes. On peut penser par exemple à Backchich titrant en janvier dernier "voilà c'est fini" sur fond noir.. On peut se souvenir également du dernier numéro du Matin de Paris en 1987 : une caricature se moquait de tous les éplorés qui regrettaient la disparition du journal, mais qui ne l'achètaient plus depuis longtemps. Il y a quelque chose donc de symbolique dans le dernier numéro d'un quotidien. France Soir, après 67 ans d'existence, n'y aura pas droit. C'est une fin qui manque singulièrement de panache pour ce quotidien mythique.
France Soir ne disparaît totalement, puisque le site Internet va continuer à fonctionner, même si personne ne semble croire à son succès. Une trentaine de salariés, sur les 125 que compte aujourd'hui le journal, vont continuer à faire vivre France Soir sur le web. Les délégués syndicaux continuent d'ailleurs à négocier pour maintenir le plus de postes possibles. Mais les observateurs et les salariés eux-mêmes ont peine à croire à un srusaut numérique.
Pendant ce temps, un autre site Internet est en préparation. Dans quelques semaines, la version française du Huffington Post sera mise en ligne. et sa directrice éditoriale devrait être Anne Sinclair . Elle devrait en effet faire son retour au journalisme, après avoir mis sa carrière entre parenthèses en raison des responsabilités politiques de son mari, Dominique Strauss-Kahn. C'est Rue89 qui l'annonce aujourd'hui : Anne Sinclair a envoyé des dizaines de mails pour recruter des blogueurs, des experts susceptibles d'écrire pour le Huffington Post. Pour le moment, aucune confirmation officielle.
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