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Dans la série "Astrid et Raphaëlle", Sara Mortensen ne veut "surtout pas trahir les gens concernés par l’autisme"

Alors que la quatrième saison de la série policière est diffusée actuellement sur France 2, l’interprète d’Astrid, Sara Mortensen, une enquêtrice autiste, se dit elle-même bluffée par son personnage.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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La comédienne Sara Mortensen, en novembre 2023. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Astrid et Raphaëlle est l'une des séries les plus puissantes de France Télévisions avec cinq millions de téléspectateurs en moyenne, sans compter le Replay. La comédienne Sara Mortensen y incarne Astrid Nielsen, une documentaliste autiste de la police criminelle, qui résout les affaires grâce à ses capacités hors-normes. Dans cette série diffusée sur France 2 depuis 2019, la très organisée Astrid forme un duo atypique avec l’impulsive et bienveillante Commandant Raphaëlle Coste (Lola Dewaere). Dans cette nouvelle saison, on pourra retrouver Valérie Kaprisky, Philippe Chevallier, Stomy Bugsy ou encore Marie-Ange Casta. 

Franceinfo : Votre personnage, Astrid, a une mémoire incroyable et fait des liens que personne ne fait. Est-ce que vous-même elle vous bluffe ou bien êtes-vous maintenant habituée à sa manière de réfléchir ? 

Sara Mortensen : Alors oui, elle me bluffe toujours et je pense que je serai bluffée à vie par Astrid ! Surtout que grâce à elle, j'apprends quand même des nouveaux mots. Par exemple, le syndrome de takotsubo, en saison 1, qui est une crise cardiaque, mais à l'envers, c'est-à-dire qu'on peut mourir de joie. Ce sont des choses qu'Astrid m'apprend et du coup c'est intéressant. Elle n'a pas fini de m'étonner. 

Ce n'est pas un rôle facile. Par exemple, vous ne regardez jamais vos partenaires dans les yeux ou très peu. 

Alors je regarde dans les yeux uniquement ceux en qui j'ai confiance, c'est-à-dire Raphaëlle, de temps en temps le capitaine Perran, mais sinon, non, jamais. Et d'ailleurs dans le pilote et la saison 1, je ne regarde presque jamais personne. Et j'ai vraiment découvert en regardant les images ce que les autres avaient fait. C'est vrai que quand on joue, ce n'est qu'un échange, il faut écouter l'autre, on s'observe aussi beaucoup pour réagir, etc. Moi, j'observe tout ce qui est autour comme un stylo, une aiguille sur une montre, une tache sur une veste, un col mal mis, ce sont ça, mes appuis de jeu. 

Elle avait aussi ce look avec la frange. 

Alors non, je ne m'étais pas coupée les cheveux pour les essais, mais j'avais attaché mes cheveux, mis une chemise bleu ciel que j'avais boutonnée tout en haut et j'avais mis un pantalon bleu marine. Et j'avais mis des chaussures à lacets et j'avais déjà fait les lacets symétriques... Parce que tous les matins, je refais les lacets d'Astrid symétriquement. Cette façon de parler, c'est à force d'écouter, d'observer. J'ai entendu que certaines personnes sur le spectre ont un phrasé très particulier. 

J'ai lu que quand vous avez passé le casting, vous n'avez pas été prise tout de suite parce que vous étiez peut-être allée trop loin dans le personnage. Est-ce vrai ? 

Ah oui ! En fait, dans la scène d'essai, il y avait énormément de traits autistiques. Ils étaient tous écrits et je les ai tous faits. J'ai même réussi. C'était la scène dans le pilote, un gros pavé, où Raphaëlle arrive pour la première fois aux archives et je lui dis : ne touchez à rien parce que vous êtes très désorganisée et il y a des fautes d'orthographe dans tous vos procès-verbaux. Et elle répond : Ah bon ? Mais vous les connaissez ? Et je lui donne la liste de tous ces procès-verbaux. Donc c'était déjà énorme à apprendre et en plus j'avais improvisé en voyant ce jour-là, la chemise pas boutonnée jusqu'au bout du directeur de casting, j'ai rajouté : les boutons, il faut tous les boutonner, sinon ça ne fonctionne pas. Je suis sorti du casting, j'ai appelé mon agent, j'ai dit : c'est une catastrophe. Il fallait quand même que les neurotypiques, vous, moi, puissent s'attacher aussi à cette jeune femme et j'ai dit c'est trop, il faut que je les repasse. 

Qu'est-ce qui vous plaît dans le personnage d'Astrid ? 

Tout. Déjà, je trouve ça extraordinaire d'être forcée pendant quatre mois de l'année de voir tout différemment. Elle a une pensée entièrement visuelle. Donc je m'efforce, quand je joue, d'avoir une pensée visuelle et pas une pensée qu'on conceptualise. 

"Je trouve ça formidable que cette différence soit représentée à la télé et que ça marche aussi bien."

Sara Mortensen incarne une documentaliste autiste, dans la série policière Astrid et Raphaëlle

à franceinfo


Votre duo fonctionne à merveille avec Lola Dewaere qui joue le Commandant Raphaëlle Coste. Vous avez été prises ensemble ? Comment ça s'est fait entre vous deux ? 

On se connaissait pas du tout. On a été choisies chacune de notre côté et on s'est rencontrées au moment de la lecture. Le pilote, ça a été évidemment très étrange parce qu'elle avait fait le choix de ne pas se renseigner. Moi, j'étais surinformée et surtout, j'étais concentrée. Je souhaite tellement ne pas trahir les gens concernés de près ou de loin par l'autisme que du coup, je ne l'ai pas regardé, jamais et du coup, on s'est un peu apprivoisées comme ça. Maintenant on s'épouille un peu avant de tourner, je lui remets toujours une mèche, elle me remet toujours ma queue-de-cheval. On est très complices sur le plateau. 

Vous venez de finir le tournage d'un cross-over avec Alexandra Elhe, c'est-à-dire qu'on a mélangé la série avec Julie Depardieu et Astrid et Raphaëlle pour en faire un épisode spécial. On a du mal à imaginer comment Astrid qui est très mal à l'aise dans les rapports sociaux, dans les rapports humains, a pu s'adapter au côté loufoque du médecin légiste. 

Alors en fait, ça a été une rencontre assez jolie parce que comme vous venez de le dire, avec Alexandra Elhe tout part dans tous les sens. Tout cela est un bonbon qui explose en bouche. Et c'est vrai qu'Astrid, au début, elle trouve ça un peu étrange et puis finalement, elle a quand même un intérêt spécifique qu'elle adore qui est l'institut médico-légal. Alexandra Elhe est médecin légiste et elles vont se retrouver sur ces termes scientifiques, sur la recherche, sur les précisions puisqu'Alexandra a aussi, malgré tout, une façon différente d'aborder la médecine. Elle raconte une histoire à partir d'une main, d'un œil, d'un doigt et tout ça parle complètement à Astrid. Elle contourne toujours la façon dont nous on ferait, alors après, évidemment, quand Alexandra Elhe dit : Je vais faire parler mon mort, Astrid la regarde et lui répond : Il est mort, il ne parlera pas.

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