Bruno Jeudy, directeur de "La Tribune Dimanche" : "Réaliser un journal en 80 jours, c’est un peu comme un marathon couru par un sprinteur"
Après être parti de Paris-Match, l’éditorialiste politique, Bruno Jeudy est le directeur du nouvel hebdomadaire La Tribune Dimanche dont le lancement se fera dimanche 8 octobre 2023. Prolongement de La Tribune, un journal économique uniquement en ligne, l’hebdomadaire vendu 2,40 €, pour un tirage à 120 000 exemplaires et une version numérique se voudra généraliste. La politique, les questions internationales, l’économie, la culture, l’écologie, l’intelligence artificielle, les sciences, la gastronomie seront autant de thèmes que les lecteurs pourront découvrir pendant leur petit-déjeuner dominical.
franceinfo : Il y a rarement eu autant d'attente autour du lancement d'un journal. La Tribune est un titre économique uniquement en ligne depuis dix ans et là ça y est, il a sa version dominicale en papier. Sentez-vous une forme de pression parce qu'il faut être à la hauteur ?
Bruno Jeudy : Oui, c'est une grosse pression. On ne va pas non plus sauver la presse française, la presse écrite, mais on va vraiment essayer de lui apporter quelque chose de nouveau le dimanche. La Tribune dimanche, c'est un quotidien généraliste ! La semaine c'est économique, c'est sur le web ! Il y a dix ans, ils avaient arrêté la version papier et dix ans plus tard, par un heureux hasard de l'histoire, La Tribune va lancer La Tribune Dimanche. Il n'y aura pas que de l'économie, il y aura beaucoup de culture.
Il va falloir frapper fort dès le premier numéro. Avez-vous un scoop, une exclusivité ?
Le premier numéro sera formidable ! Il va faire 48 pages et le premier succès, c'est qu'il y aura beaucoup de publicités ce qui veut dire que le marché l'a bien accueilli. Mais on voudrait surtout que les lecteurs soient heureux de l'avoir dans les mains dimanche. Ils le seront parce que la promesse de ce journal d'être généraliste, c'est à la fois pour moitié d'explorer le monde, la politique, l'international, le business, l'écologie, mais aussi les sciences, l'intelligence artificielle. On traitera moins les faits divers que l'on retrouve beaucoup sur les chaînes d'info le samedi.
"Le dimanche, il faut apporter des nouveautés, il faut apporter de l'info nouvelle."
Bruno Jeudy, directeur de "La Tribune Dimanche"à franceinfo
On fera des coups journalistiques, des interviews et il y aura un grand format enquête. Ce dimanche 8 octobre, il y aura une jolie confession d'une personnalité importante qui a un peu quitté la politique il y a quelques années. Et puis, dans la deuxième partie du journal, il y aura du plaisir, de la culture. En fait, c'est "mon dimanche au cinéma", "mon dimanche avec mes livres", "mon dimanche avec le sport", "mon dimanche avec mon corps", "mes promenades", "ma bouffe" !
Votre objectif est-il de décrocher l'interview politique, qui faisait la saveur du JDD, dont tout le monde parlera toute la journée ?
Des interviews politiques oui, dont on parlera, je l'espère. Un quotidien du dimanche réussi, c'est un quotidien dont on parle encore le lundi et croyez-moi, ce n'est pas facile dans un monde ultra-médiatisé.
Le papier le dimanche, n'est-ce pas plus compliqué parce qu'il y a moins de points de vente ouverts ?
C'est le gros défi. Nous pensons qu'il y a un marché le dimanche, mais c'est souvent difficile de trouver des journaux, notamment dans certains coins. J'ai fait le tour de France pendant ces 80 jours pour préparer le journal et on voit bien que c'est difficile dans certains coins de le trouver. On trouvera La Tribune dimanche en papier, mais on le trouvera aussi en numérique.
Espérez-vous récupérer des lecteurs qui lisaient avant le JDD ?
Pourquoi pas !
"Moi, je ne cherche pas des électeurs, je cherche des lecteurs et pour avoir des lecteurs, il faut être bons."
Bruno Jeudy, directeur de "La Tribune Dimanche"à franceinfo
Est-ce une revanche pour vous qui avait été viré de Paris-Match à l'été 2022 ? Paris-Match qui appartient au groupe Lagardère qui est en passe d'être racheté par Vivendi.
À l'époque, j'ai pris mes responsabilités, ça a été un déchirement. J'en ai pleuré de quitter le journal, mais la page est tournée. Je suis un sportif. J'ai couru 17 fois le marathon. Je sais qu'il faut plutôt regarder devant et essayer d'attraper la prochaine ligne d'arrivée plutôt que de penser à la ligne de départ. Là, je suis tout près de la ligne d'arrivée du 8 octobre, mais j'espère surtout qu'il y en aura beaucoup d'autres pour La Tribune dimanche.
C'est aussi dur que de courir un marathon, de lancer un nouveau journal ?
Réaliser un quotidien, le premier depuis dix ans, en France, en 80 jours, il y a un petit côté marathon, couru au rythme d'un sprinter.
Retrouvez cette interview en vidéo :
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.