Nathaniel Rich : New-York parano
Est-ce parce qu'il avait 20 ans à New York le 11 septembre 2001, ou parce qu'il estime que la peur est omniprésente dans la culture américaine, Nathaniel Rich a jubilé à l'écriture de ce roman addictif. Son personnage est un paranoïaque maladif, brillant mathématicien, embauché dans une compagnie de réassurance "future world", un monde futur terrifiant, car Mitchell Zukor vend de la peur. Il abreuve ses clients, de grandes entreprises, de statistiques épouvantables sur les risques de catastrophes naturelles, de guerre nucléaire, de terrorisme, et sa trouille étant contagieuse, il gagne beaucoup d'argent. Cette idée de départ lui a été en partie soufflée par un ami qui travaille dans un cabinet d'avocats d'affaire à New York. La peur c'est aussi un business...
Et à force de parler de catastrophe, évidemment un ouragan apocalyptique noie New York sous les eaux, ce sont les pages les plus fortes du roman, Mitchell et une jeune collaboratrice traversent Manhattan en canoë, sur des eaux noires et bleutées où flottent des cadavres d'hommes et d'animaux, dans un silence irréel quelques survivants se battent pour de la nourriture mais ce n'est pas pour autant un livre sur le réchauffement climatique. Nathaniel Rich s'intéresse aux mécanismes de la peur. Il décrit parfaitement comment le paranoïaque est finalement soulagé quand arrive la catastrophe et le caractère totalement anxiogène de la surinformation, maladie contemporaine.
"Paris sur l'avenir" de Nathaniel Rich, aux éditions du Sous-sol.
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