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"Meursault, contre-enquête" : Kamel Daoud dialogue avec Albert Camus

Il est dans les deuxièmes listes des prix Goncourt et Renaudot, il a déjà reçu les prix François Mauriac et "des 5 continents", Kamel Daoud, auteur algérien de "Meursault, contre-enquête" chez Actes Sud, fait une très belle rentrée littéraire.
Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (© Actes Sud)

Alors que ce roman est sorti en mai et que l'auteur fait un pari osé : s'immiscer, comme par effraction, dans un chef d'œuvre âgé de 72 ans, L'étranger d'Albert Camus. L'étranger c'est Meursault, qui sera jugé pour avoir froidement, sans raison tué un arabe sur une plage près d'Alger. Kamel Daoud invente un frère à cet inconnu et écrit une autre histoire, en écho à la première. Ce frère, Haroun, raconte sa vie aujourd'hui, c'est écrit à la première personne, il parle, il parle sans cesse, à la terrasse d'un café, il boit pas mal aussi.

Toute sa vie, il a été le frère du mort, coupable d'être vivant, coupable de rappeler à sa mère qui vit seule avec lui, l'enfant perdu, coupable de ne pas avoir sa place dans cette vie de misère où de l'Algérie encore française à l'indépendance, puis aux années FLN et aux années de violence islamiste jusqu'à aujourd'hui, il est finalement lui aussi un étranger.

Et Kamel Daoud, comme Camus part du roman pour penser l'homme dans son époque. Le style très particulier de ce roman en fait tout le charme, le lecteur est surpris par cette langue très parlée mais très travaillée à la fois, ciselée, percutante et en même temps qui s'égare, Kamel Daoud a un rapport très singulier avec la langue française.

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