"Les lois de la frontière", de Javier Cercas
Il débute ce roman à la fin des années 70 à Gérone dans sa catalogne natale, avec trois personnages, un trio amoureux. Ignacio, fils timide et mal dans sa peau d'une famille de classe moyenne, va franchir une frontière, celle des bas fonds de Gérone, au-delà du fleuve, pour suivre une bande et surtout Tere, belle amazone libre et mystérieuse et Zarco, jeune délinquant, l'un de ces Billy the kid qui pullulaient en Espagne à l'époque.
C'est le mythe du bandit adolescent, l'un d'eux, Juan Jose Moreno Cuenca était une idole. Comme lui, Zarco a passé l'essentiel de sa vie en prison, s'est évadé plusieurs fois, a mené des mutineries, a fait des livres, des chansons, des films sur ces Mesrine espagnols et l'une des questions que pose Javier Cercas, c'est, pourquoi, a-t-on idéalisé ces voyous ?
Une enquête
Le roman est construit comme une enquête, avec 30 ans de recul, on glisse du mythe de ce Billy The Kid à une histoire d'amour.
Le narrateur, interroge à tour de rôle, un directeur de prison, un policier, mais surtout Ignacio, désormais quadragénaire rangé, qui a cessé de s'encanailler avec cette bande. Il est devenu avocat et après des années sans avoir de nouvelles de son ancien ami, Zarco, du fonds de sa cellule, toxicomane, ravagé par la drogue et la détention, lui demande de le défendre. C'est passé enfoui et bien sur l'ombre de la belle Tere qui refont surface dans sa vie devenue trop lisse.
Une obsession
Javier Cercas n'a de cesse d'ajouter des questions, Zarco pense-t-il avoir été trahi quand il tombe pour la première fois en 1978? Par Ignacio? Par Tere ? Tere était-elle la maîtresse de Zarco ou aimait-elle Ignacio? Plus il y a de questions, moins il y a de réponses.
Le lecteur qui trouve le début du roman un peu lent se fait littéralement avaler, emporter et Javier Cercas assume totalement, dans un large sourire sa pathologie d'écrivain obsessionnel.
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