Jean-Louis Aubert chante Houellebecq : "Les parages du vide"
"Je raccroche le téléphone, un rendez-vous vient de
s'annuler, je sors le livre de mon sac, j'ai ma guitare à côté de moi, j'ouvre
le livre à la page de ce poème : Isolement . C'était comme un jaillissement."
La suite s'est écrite par courriels interposés : un échange assez
touchant qu'on retrouve d'ailleurs dans l'édition luxe de l'album, puisqu'il
raconte, en filigrane, la rencontre de deux grands timides.
Inspiration fulgurante
Aubert écrit la plupart
des titres en trois jours, surtout piochés dans le chapitre Les parages du
vide ("c'était le plus lumineux ", dit Aubert). Il se lance alors, et écrit à
Houellebecq pour lui demander l'autorisation de chanter ses textes. L'écrivain,
réputé difficile à joindre, lui répond deux jours plus tard. "Je suis
heureux d'être une source d'inspiration. Fier, même" . La première
rencontre a lieu à Paris dans l'appartement du chanteur : elle dure des
heures, se termine au milieu de la nuit, la suite s'écrit sur plusieurs mois et
rapproche les deux hommes.
Une rencontre
Chose étonnante, la musique d'Aubert agit comme un
"révélateur". Côté littérature, Houellebecq n'est pas franchement
connu pour sa joie de vivre, mais Aubert a réussi à libérer ce que ses textes
peuvent livrer de tendresse et d'amour : ses mots s'illuminent littéralement
dans les chansons. Et de cet échange, les deux sont sortis gagnants : si l'on
redécouvre les mots précieux de Houellebecq, Aubert gagne de nouveaux galons
après s'être attaqué à cette tâche pas évidente qui lui offre, en retour un
répertoire inspiré... en même temps qu'elle a créé une réelle complicité
humaine, que le chanteur évoque avec beaucoup d'émotion :
"On a passé beaucoup de temps à la campagne. Un
jour, en le raccompagnant à la gare, il était sur le marchepied et me dit " Profite".
Je lui ai répondu " Reviens"." (JL Aubert, à propos de Michel Houellebecq)
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