Cet article date de plus de dix ans.

"Gone girl" : la dictature des apparences

Il faut aller voir le nouveau film de David Fincher, " Gone girl ", avec Ben Affleck et Rosamund Pike, adapté du roman de Gillian Flyn, " Les apparences ", parce que c'est un thriller très réussi mais aussi une véritable charge contre le règne des apparences, justement, dans l'Amérique d'aujourd'hui.
Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (© Twentieth century Fox et Regency Entreprises)

"Gone girl" est d'abord un suspens brillant. On y retrouve toute la maitrise de David Fincher, son talent pour installer une véritable tension entre les personnages et pour ménager les retournements de situations.

Mais ce film est aussi une satire du mariage et des medias. Au départ, pourtant, tout semble parfait dans la petite ville du Missouri dans laquelle nous embarque David Fincher : le couple qui vient s'y installer est exemplaire, leur mariage semble idéal, leur appartement est impeccable. Cela ne va pas durer bien longtemps. Car le jour où la femme disparait mystérieusement, le mari, lui, se retrouve plongé dans un véritable cauchemar, au coeur de tous les soupçons, et David Fincher en profite pour décortiquer la voracité des medias aujourd'hui pour les histoires faciles à raconter, peu importe qu'elles soient vraies, et pour décortiquer aussi le mariage avec ses faux semblants et ses travers.

Chez Fincher, il n'y a, à vrai dire, pas d'issue. Les apparences règnent, aussi bien dans la société que dans l'intimité. Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que le cinéaste s'attaque aux grands idéaux de l'Amérique. Dans " Fight club ", il s'attaquait à la société de consommation. C'est lui aussi qui a produit et réalisé le pilote de la série " House of cards ", en forme de satire de la politique américaine. Avec " Gone girl ", il ne fait en fait que continuer à s'attaquer aux symboles d'une amérique fantasmée, comme le mariage donc, et il a ses raisons :

"Ce qui m'intéressait, c'est la réflexion suivante : si vous faites en sorte de ne montrer qu'une version parfaite de vous-même pour séduire la personne avec qui vous voulez passer votre vie, et que cette personne fait sans doute exactement la même chose au même moment, n'y a t'il pas le risque qu'un grave décalage entre vos croyances et la réalité s'installe lorsque l'une de ces deux personnes décide qu'elle n'en peut plus, qu'elle ne veut plus faire semblant? Pour moi, il n'y a rien de nouveau dans ce constat, mais je pense que dans un pays comme les Etats-Unis où un couple marié sur deux divorce, il est nécessaire de réexaminer la question. "

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.