Que devient Stéphane, rescapé des essais thérapeutiques de Rennes ?
Les cinq autres cobayes de l'essai thérapeutique sont hospitalisés, plusieurs souffrent de lésions cérébrales. Quand il sort de l'hôpital quelques semaines plus tard, Stéphane Schuhban, l'un des volontaires, témoigne sur France Info. "Je suis en colère, déçu et je me sens abusé. Je n’aurais pas risqué ma vie et joué avec ma santé si j’avais su la vérité. J’ai toujours du mal à parler, il y a toujours des traces au cerveau et j’ai toujours des problèmes de vision. Je peux avoir des séquelles à vie " explique le quadragénaire.
Vie bouleversée
Dans son rapport rendu fin mai, l'IGAS, l'inspection générale des affaires sociales, a reproché plusieurs erreurs aux responsables des essais cliniques. Le mois dernier, le parquet a ouvert une information judiciaire contre X pour "homicide involontaire" et "blessures involontaires". Sept mois après l'accident, Stéphane Schuhban a pu rentrer chez lui, dans la Sarthe. Mais il souffre toujours de vertiges et de troubles de l'élocution. "Cette affaire a chamboulé toute ma vie. Avant, je bougeais tout le temps et maintenant je ne peux plus rien faire" dit Stéphane Schuhban qui s’interroge : "dans combien de temps vais-je recouvrer la santé et retrouver toute ma tête ?"
Une chance sur deux
Le miraculé, qui a passé plusieurs semaines à l’hôpital, reste très marqué par l’accident et la mort d’un des volontaires de l’essai thérapeutique. « Tous les jours j’y pense, c’est très dur de penser que ça aurait pu être moi à sa place, j’avais une chance sur deux. C’est comme la roulette russe. On a pris les mêmes doses de médicaments et lui n’a pas eu la même chance que moi" note Stéphane qui n’a pas eu la force d’entrer en contact avec la famille du volontaire décédé. "Cela me touche ce qui lui est arrivé, pendant une semaine, on était ensemble tous les jours, on a beaucoup discuté, on mangeait ensemble…"
Responsabilités
Stéphane Schuhban reproche aux responsables de l’essai de dissimuler la vérité. "Ils ne prennent pas leurs responsabilités. Ils trouvaient normal qu’on souffre de maux de tête ou de douleurs. On n’a pas été surveillés. On était dans une grande chambre et on voyait personne. Ils auraient dû nous surveiller de plus près. Il y a eu des incidents avant nous et ils nous ont rien dit" explique le volontaire qui a porté plainte contre le laboratoire. "Ce que je souhaite, c’est qu’ils reconnaissent leur erreur, qu’ils admettent le manque de vigilance" . Depuis l’accident, le rescapé n’a plus de contact avec le laboratoire. "Ils sont passés à autre chose, ils continuent leur travail, à trouver des cobayes comme si rien ne s’était passé. Je ne comprends pas que les volontaires continuent à avoir confiance, moi je n’aurais plus confiance. Je ne recommencerai pas d’étude avec eux car ils nous ont menti" conclut Stéphane Schuhban qui comptait beaucoup sur les 1.900 euros que devaient lui rapporter les deux semaines de tests pour financer son examen du permis de conduire.
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