Ils ont fait l'actu. Pierre Devedeux, maire agressé : "La République perd, la violence gagne et un beau jour, la République est par terre"
Comme tous les étés, Sébastien Baer revient sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent. Vendredi, Pierre Devedeux, un maire agressé par un homme qui, depuis, a été condamné à 18 mois de prison dont six avec sursis.
15 août 2019. À Saint-Alban-les-Eaux, commune de 970 habitants de la Loire, le maire est violemment agressé. En ce jour de fête patronale, Pierre Devedeux, 56 ans, est pris à partie par un automobiliste, contrarié par l'arrêté municipal qui interdit de circuler dans le village. "De toute façon, il ne m'a même pas laissé le temps d'essayer de discuter. Je lui ai demandé de se calmer et là ça a été insultes et coups de poing. Je ne suis pas judoka, je suis pas boxeur. Je n'ai pas de policier municipal à côté de moi ou un gendarme, je n'ai rien. On est en première ligne".
Pas facile de tourner la page
Un mois après cette attaque, Pierre Devedeux a été reçu avec neuf autres maires victimes de violences par le ministre de la Cohésion des territoires. En décembre, un nouveau pas a été fait pour répondre au mal-être des maires, avec le vote d'un projet de loi. Le texte est destiné à faciliter la vie des élus et leur accorde plus de libertés locales. Quant à l'agresseur de Pierre Devedeux, il a été condamné à un an de prison ferme.
On y pense tous les jours. C'est arrivé une fois, pourquoi pas une deuxième et ainsi de suite. C'est quelque chose qui marque à vie.
Pierre Devedeuxà franceinfo
Ce jugement a aidé le maire à tourner la page, même si un an plus tard, Pierre Devedeux – qui vient d'être réélu – reste très marqué par cette attaque, au point d'avoir hésité à briguer un nouveau mandat de maire. "On se pose la question, on se dit que ça vaut pas le coup de se faire insulter ou de prendre des coups alors qu'on est là pour essayer de faire le job le mieux qu'on peut. Le deuxième temps, c'est de se dire, si j'arrête, qu'il suffit de mettre la pression sur un maire pour qu'il dégage. La République perd, la violence gagne et un beau jour, la République est par terre".
Pierre Devedeux regarde devant
Les violences qui ont touché plusieurs maires l'année dernière ont abouti à la signature d'une convention avec les procureurs, destinée à protéger davantage les maires. Cette année, avec la crise sanitaire, la fête patronale n'aura pas lieu à Saint-Alban-les-Eaux. Pierre Devedeux se consacre désormais aux projets de développement de sa commune qu'il rêve de doter d'une bibliothèque, d'un espace de santé et d'une nouvelle mairie.
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