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"Si la violence gagne, tout est perdu" : un mois après son agression, un maire de la Loire toujours sous le choc

Dix maires sont reçus à déjeuner jeudi 12 septembre par Sébastien Lecornu, le ministre chargé des Collectivités territoriales. Tous ont été victimes d'agressions dans l'exercice de leur fonction. C'est aussi ce que Pierre Devedeux, le maire de Saint-Alban-les-Eaux (Loire) a vécu le mois dernier.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Pierre Devedeux, le maire de Saint-Alban-les-Eaux (Loire), a été agressé lors d'une fête de village, le 15 août 2019. (SÉBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

"Le 15 août, c'est le jour de la fête patronale dans le village. On avait organisé un spectacle avec des oiseaux, il y avait des jeux prévus par le comité des fêtes. On avait installé une zone piétonne pour que les gens soient en sécurité à l'intérieur de la fête. Un habitant a essayé de forcer le passage avec sa voiture."  Un mois après son agression, Pierre Devedeux, le maire de Saint-Alban-les-Eaux (Loire), est encore sous le choc.

Il fait partie des dix maires venus de toute la France qui doivent être reçus jeudi 12 septembre par Sébastien Lecornu, le ministre chargé des Collectivités territoriales. Tous ont été victimes d'agressions ces derniers mois et cette rencontre fait suite à la mort début août du maire de Signes (Var) dans l'exercice de ses fonctions.

"Il ne m'a même pas laissé le temps de discuter"

Le soir du 15 août, à Saint-Alban-les-Eaux, Pierre Devedeux est donc appelé à la rescousse : "J'ai essayé de calmer le jeu. Mais il ne m'a même pas laissé le temps d'essayer de discuter, il m'a insulté et donné un coup de poing." L'agresseur, un homme de 26 ans, a été interpellé plus tard dans la soirée, mais l'élu ne comprend toujours pas ce qui s'est passé ce soir-là : "Je ne suis pas judoka, je ne suis pas boxeur. C'est là où nous les maires nous sommes coincés. Un problème d'incivilité, de sécurité, on est en première ligne."

Je n'ai pas de policier municipal ou de gendarme à côté de moi. Je n'ai rien. L'incident se reproduirait, cela se passerait exactement de la même façon.

Pierre Devedeux, maire de Saint-Alban-les-Eaux

à franceinfo

L'élu de 55 ans est à la tête de cette commune de 1 000 habitants depuis 2014. C'est la première fois qu'il subit une attaque aussi violente. Mais le premier édile constate que la fonction est de moins en moins respectée : "Avant, dans les villages, il y avait trois personnages : le curé, l'instituteur et le maire. Aujourd'hui, il n'y a plus de curé, et le professeur comme le maire ne sont plus respectés. On est un personnage quelconque, les gens se disent qu'on est responsable de tout ce qui ne leur convient pas."

Partager une police municipale avec d'autres communes ?

Pierre Devedeux est inquiet pour l'avenir : "Si les mentalités ne changent pas, ça va être compliqué de trouver des maires." Il plaide pour de la pédagogie, une meilleure explication du rôle des maires. Il n'est pas non plus opposé à la création d'une police municipale partagée entre plusieurs communes : "Demain matin je peux tomber sur quelqu'un en train de jeter je-ne-sais quoi. Que va-t-il se passer s'il avance avec son camion et qu'il a une matraque ? Alors que si on arrivait avec un policier municipal, ça pourrait être plus dissuasif." 

Ce n'est pas un voyou qui doit décider du bien-fondé de son maire. Si la violence gagne, tout est perdu.

Pierre Devedeux, maire de Saint-Alban-les-Eaux

à franceinfo

Après son agression, l'élu a eu quelques moments de doutes, il a hésité à se représenter l'an prochain, avant de prendre sa décision : "Sur le moment on se dit 'à quoi bon ?' On a envie d'arrêter. Mais aujourd'hui il y a de nouveau de l'essence dans le moteur ! C'est aux électeurs de choisir leur maire, et ce n'est pas un voyou qui doit décider de son bien-fondé. Si la violence gagne, tout est perdu."

L'homme qui a agressé le maire est toujours en détention provisoire. Il doit être jugé la semaine prochaine.

Un mois après son agression, un maire de la Loire toujours sous le choc - reportage Sébastien Baer

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