Les mots de 2011 : AAA, DSK, PIP, drakkar et pédalo
L'Hyper revue de presse
Au sommaire : une affaire gênante pour la gendarmerie avec un colonel impliqué dans une affaire de vente d'objets nazis, l'étonnante comptabilité du "drive-in" de la drogue à Marseille, et 2011 à travers les mots qui ont marqué cette année particulièrement riche en actualités.
Les titres de ce vendredi 30 décembre :
Un anniversaire fêté avec un peu d'avance, les 10 ans de l'euro... "Dix ans, et c'est pas la fête", c'est la Une de l'Humanité, qui parle de l'anniversaire de dix ans de hold-up de la démocratie... La Croix veut rester plus mesurée, avec l'euro côté pile, mais aussi l'euro côté face, les mauvais mais aussi les bons côtés...
Oui pour le Figaro les crises à répétition sèment le doute sur cette devise adoptée par plus de 300 millions d'Européens, mais il y a au moins une bonne nouvelle : la baisse de l'euro, à son plus bas face au dollar depuis 16 mois, bonne nouvelle puisque l'économie européenne bénéficie enfin de fait de cette dévaluation compétitive espérée de longue date... Non admet Yves Thréard dans l'éditorial du Figaro, l'euro n'a pas tenu toutes ses promesses, mais n'en déplaise aux Cassandre qui ont toujours prédit son échec, le retour en arrière aurait toujours plus d'inconvénients que davantage et aggraverait encore la crise. Oui ajoutent les Echos, l'euro vit la pire crise de son histoire, mais reste un incontestable succès sur le plan de la stabilité financière.
Tout autre chose dans le Parisien et Aujourd'hui en France, "les pots en entreprise qui ne connaissent pas la crise", et même selon un sondage qui sont au contraire de plus en plus en vogue en cette période de crise, sans doute le besoin de se serrer les coudes même en levant le coude... Des pots de plus en plus surveillés aussi pour éviter les dérapabes et les drames liés à l'alcool.
Enfin deux Libération pour le prix d'un, le Libé quotidien est enveloppé d'un cahier supplémentaire en forme de rétrospective, "2011, l'année de tous les indignés".
Egalement dans la presse de ce vendredi, une affaire plutôt gênante pour la gendarmerie...
Un colonel de gendarmerie mêlé à une affaire de vente d'objets nazis... Libération raconte que le maire de Dinéault dans le Finistère est abasourdi et le service de presse de la gendarmerie dans ses petits souliers. Ils viennent d'apprendre que l'épouse d'un colonel de l'école de gendarmerie de Dinéault près de Chateaulin commercialise sur un site internet des statuettes nazies, représentant Hitler ou Goering, ainsi que de uniformes et des articles douteux rappelant le IIIème Reich, par exemple selon Ouest France des sets de décoration et de mobilier Hermann Goering.
Là où le malaise s'accroît souligne Ouest France, c'est que le numéro de téléphone sur le site est le numéro personnel du colonel. Pire, l'adresse affichée sur le site est celle de l'école de gendarmerie. Intolérable pour le bureau de vigilance contre l'antisémitisme qui a révélé l'affaire et qui parle d'apologie de criminels contre l'humanité et qui affirme avoir déposé plainte. Le colonel devrait donc avoir à s'expliquer devant la justice, mais aussi devant la gendarmerie qui a déclenché de son côté une enquête administrative.
La revue de presse et du Web
La presse fait rebondir ce matin le feuilleton de l'affaire des prothèses mammaires...
Jean-Claude Mas, le fondateur de la firme PIP, responsable de la fraude au silicone qui touche plus de 30 000 femmes en France, est-il prêt à reprendre le flambeau ? Question posée par un document exclusif dévoilé ce matin par Nice-matin et Var-matin...
Selon les deux journaux, une nouvelle société a été créée en juin au nom des deux enfants de Jean-Claude Mas, France Implant Technologie, et elle a élaboré un plan de relance de la production d'implants mammaires à La Seyne-sur-Mer. Selon les deux quotidiens régionaux, l’ancien patron de PIP apparaît dans l’organigramme de cette nouvelle société.
Le site du magazine Elle donne aussi quelques détails supplémentaires en révélant le business plan de France Implant Techonologie, et selon Isabelle Duriez dans Elle, tout prouve que le fondateur de PIP semble bien décidé à reprendre ses activités, ou au moins à accompagner ses enfants dans le secteur lucratif des prothèses mammaires.
Jean-Claude Mas apparaît bien dans ce document en tant que "consultant" et en tant que "créateur de génie avec 30 ans d'expérience dans les prothèses mammaires", ce "créateur de génie" dont la société PIP a été mise en liquidation judiciaire en mars 2010 après que l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a mis à jour l'utilisation d'un gel non autorisé pour la fabrication des implants. Jean-Claude Mas qui est depuis visé par deux enquêtes judiciaires "pour tromperie aggravée" et "homicides involontaires.
La nouvelle société dont il est consultant se propose, toujours selon le magazine Elle, de vendre à très court terme plus de 60 000 implants par an avec un structure prête à démarrer. Difficile de croire souligne Elle qu'il ne s'agit pas de redonner vie à la société PIP sous un autre nom.
Selon le fils de Jean-Claude Mas interrogé par Nice-matin, Var-matin et par Elle, la nouvelle société n'aurait pourtant aucun rapport avec son père et avec PIP. Selon Elle, d'abord gêné pour répondre sur ses projets, il a fini par expliquer qu'il ne s'agissait que d'un projet qui ne s'est pas concrétisé en raison du tapage médiatique autour de l'affaire des implants.
Direction maintenant Marseille, où le petit commerce de la drogue ne connaît décidément pas la crise...
La police marseillaise vient de mettre la main sur un document exceptionnel dévoilé dans le Figaro : la comptabilité d'un caïd local du trafic de stupéfiants.
En novembre dernier, la Provence racontait comment les policiers avaient démantelé le gang de la Visitation, dans des immeubles annexés par des trafiquants dans les quartiers nord de Marseille, là où se multiplient les règlements de comptes sanglants à la kalachnikov. Dans la cité de la Visitation, le réseau avait installé un véritable supermaché, un "drive-in" de la drogue, qui servait des dizaines de clients par jour. Il suffisait d'un café pour passer commande, ensuite le client n'avait plus qu'à faire un petit crochet en voiture pour payer et pour être livré.
La suite de l'histoire relatée ce matin dans le Figaro, c'est donc ce bloc-notes retrouvé par les enquêteurs. On y trouve le quotidien du trafic, méticuleusement noté par le comptable du gang. Il détaille la paye des employés, autrement dit du gérant, des vendeurs et des guetteurs, les frais de nourriture, les tarifs des produits et même les remises pour les bons clients. Le "guetteur maternelle", par exemple, celui qui était posté près d'une école, touchait à lui tout seul près de 5000 euros mensuels.
Coût total de fonctionnement du réseau : 50 000 euros par mois. Et bénéfice mensuel pour ce très lucratif petit commerce de la drogue : près de 111 000 euros par mois. Tout ça pour un seul point de vente d'une seule cité, ce qui a de quoi expliquer la sauvagerie des récents règlements de comptes.
Pour Jean-Marc Leclerc dans le Figaro, ce précieux document éclaire aussi sur la psychologie de cette nouvelle génération de voyous, selon un commissaire marseillais, ils brassent tellement d'argent qu'ils se prennent pour des chefs d'entreprise.
La fin de l'année approche, et les journaux font leurs listes des mots de l'année 2011...
Une année particulièrement riche en actualités, et donc en mots devenus symboliques... Dans le Figaro, les mots qui passent en revue la politique en 2011, la liste commence par un triple A, on y trouve aussi la "gauche molle", celle de François Hollande vue par Martine Aubry, un pédalo, ce périlleux moyen de locomotion en pleine tempête imaginé pour François Hollande encore par Jean-Luc Mélenchon. Il y a aussi dans cette liste des mots de 2011 la règle d'or, ou encore "Zadig et Voltaire", le livre préféré de Frédéric Lefebvre qui avait mélangé Voltaire et le prêt à porter...
Frédéric Lefebvre figure aussi en bonne place sur le site d'Ouest France dans la rétro 2011 des vidéos qui ont fait le buzz... En bonne place aussi dans le best of de Libération, qui retient également le pédalo de François Hollande et la contribution d'Eva Joly, "Je ne descends pas de mon drakkar !", ou encore dans ces mots de 2011 le "Justice est faite" de Barack Obama après la mort de Ben Laden.
Encore des mots pour revivre 2011 cette fois dans le Parisien et Aujourd'hui en France, "dégage !", le mot d'ordre des révolutions arabes, Fukushima bien sûr, mais aussi le Sofitel de New York de DSK, le Mediator, ou encore la naissance d'une étrange chimère européenne nommée Merkozy.
L'Est républicain joue lui aussi à ce petit jeu et retient entre autres "l'impétrant" d'Arnaud Montebourg, la démondialisation, la "sidération", ce mot surgi dans l'affaire DSK, mais aussi l'anosognosie, le symptôme frappant l'ancien président Jacques Chirac, ce mot "abracadabrantesque" aurait pu dire Jacques Chirac lui-même.
Pour l'Est républicain, l'Histoire dira si 2011 a vraiment été une année historique, pour 2012, on a le temps de voir, en attendant, bonne fin d'année à toutes et à tous... et à l'an prochain pour plein de nouveaux mots réjouissants avec la presse...
La presse à la Une
2012, 10 espoirs de science, c'est le titre du numéro spécial de Science et Vie qui nous fait terminer 2011 avec déjà la tête dans 2012... Les espoirs les plus fous ou les plus raisonnables. L'occasion de faire le point de l'état des avancées scientifiques, du côté de la médecine avec un vieux rêve, le rêve du coeur artificiel.
Un autre enjeu médical de premier plan pour l'an prochain, les nouveaux vaccins, spécialement un vaccin espéré depuis si longtemps, celui contre le paludisme, ce fléau qui fait toujours des ravages dans les zones tropicales.
Egalement un projet étonnant : faire pousser de la saucisse en laboratoire, pas si fou que ça...
Enfin un peu de rêve : on part aussi dans l'espace, avec la recherche des petits hommes verts qui ne seront sûrement pas des petits hommes verts, et avec aussi l'exploration fascinante de l'anti-matière...
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