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Hollande président : "Normal !", la Corrèze, terre de présidents, Hollande président vu par la presse internationale

Hollande élu : "Moi, président, je...", le retour de la gauche à l'Elysée,la Corrèze, terre de présidents. La présidentielle vue par la presse internationale. Et édition spéciale pour Paris Match.
Article rédigé par Jean-Christophe Martin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
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Trois invités dans l'Hyper revue de presse "spéciale présidentielle" :

 - Daniel Vigneron , directeur du site internet myeurop.info, pour évoquer avec lui les réactions chez nos voisins européens qui ont suivi de près cette élection. 

 - Stefan Simons du Spiegel Online à Paris, l'Allemagne où on attendait peut-être encore plus que d'habitude de connaître le nom du nouveau président français.

 - Olivier Royan , le directeur de la rédaction de Paris Match, qui paraît exceptionnellement dès cet après-midi pour rendre compte des résultats de la présidentielle et retracer un destin, celui du nouveau président. (Le Point, l'Express et le nouvel Observateur paraissent eux aussi exceptionnellement dès ce début de semaine.)

L'élection de François Hollande dans la presse quotidienne :

Et finalement, contrairement à ce pouvait laisser penser l'ambiance hier soir à la Bastille, rien d'extraordinaire, non tout est normal... "Normal !", c'est l'exclamation ironique à la Une de Libération qui reprend cette expression de François Hollande se qualifiant lui-même d'homme normal... Et il faut comprendre bien sûr que c'est tout le contraire, rien de normal, l'élection de François Hollande, le retour de la gauche à l'Elysée, c'est même comme le titre un peu plus loin toujours Libération, un "moment historique"... Evénement de tout premier ordre souligne aussi Henri Gibier dans les Echos, non seulement pour la France mais pour l'Europe entière.

Mais avant d'être un événement politique, c'est d'abord un sentiment du côté du peuple de gauche, cette "joie immense" dont parle Nicolas Demorand dans Libération, la joie immense de voir une parenthèse se refermer et une malédiction se dissiper, François Mitterrand n'est plus une anomalie de l'histoire, mais seulement le premier président de gauche de la cinquième République, puisqu'il y en a désormais un deuxième, François Hollande. Pour le peuple de gauche, écrit Libération, 2012 fait renaître 1981 et redonne de la vie et des couleurs à ces images vieillies qui semblaient condamnées aux livres d'histoire...

Des couleurs et même des couleurs rouges évidemment dans les colonnes de l'Humanité...

Pour Patrick Apel-Muller, la victoire de François Hollande, c'est à la fois "un soulagement, un défi et une espérance"... Et c'est un "non net et sans bavure à cinq ans de sarkozysme, en même temps que l'indice d'une puissante aspiration au changement et à un autre partage des richesses."

Bref comme le résument le Parisien et Aujourd'hui en France, vu de gauche, "tout devient possible", mais les deux journaux relativisent avec une phrase en forme de mise en garde et de rappel à la réalité, une phrase attribuée à Léon Blum au moment de l'arrivée au pouvoir du Front populaire, "c'est maintenant que les ennuis commencent"...

En tout cas, les Français ont choisi, ils ont choisi le changement, cette fois c'est Etienne Mougeotte qui tire dans le Figaro les leçons de la victoire de François Hollande. "Bienvenue Monsieur le Président" lance le Figaro, fair play, après l'avoir beaucoup combattu pendant la campagne. Le Figaro qui promet d'appliquer la phrase de Beaumarchais qui orne chaque jour sa Une : "Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur"... Pas difficile d'imaginer que le Figaro se donnera une très grande liberté de blâmer dans les mois qui viennent...

Des mois qui s'annoncent difficiles : Dominique Quinio souligne dans la Croix que l'euphorie de la victoire dans le camp Hollande ne doit pas masquer les enjeux et le poids de la crise, mais également les défis politiques : "nul ne doit l'oublier" écrit la Croix, "la tentation des extrêmes, à gauche comme à droite, a marqué cette élection, au risque de la désespérance et de la division". Pour la Croix, ce qui attend non seulement le nouveau président, mais aussi toute la classe politique, et c'est l'un des grands défis à relever, peut-être le plus grand, le défi de la confiance et du rassemblement des Français.

Un lendemain de présidentielle, c'est aussi un coucours pour le meilleur titre...

Il y a donc le "Normal !" ironique à la Une de Libération, plus sobres, le Figaro et la Croix, "François Hollande président", il y a la version "Moi, Président, je..." clin d'oeil à la tirade du candidat pendant le débat télévisé, c'est la Une de Vaucluse-matin ou encore de la Provence et de l'Est républicain. D'autres clins d'oeil cette fois au slogan du candidat, avec le titre du Populaire du Centre, "Président, c'est maintenant", et la version de Paris-normandie, "Hollande, c'est maintenant"...

Les titres plus politiques version Corse-matin "Cap à gauche", et Presse Océan, "la gauche retrouve un président". Pour le Télégramme aussi, "la gauche reprend l'Elysée".

Et puis l'incontournable référence à 1981 et à un autre François, c'est la Une des Dernières Nouvelles d'Alsace et de la Voix du Nord, "François II, l'héritier"... "La gauche, enfin", c'est le cri du coeur de Jean-Claude Souléry dans la Dépêche du Midi...

La victoire de François Hollande, c'est aussi la victoire d'un Corrézien...

Et la Montagne à Tulle ne se prive pas de le souligner : après Jacques  Chirac, voilà que la Corrèze donne à la cinquième République un deuxième président. Alain Albinet rappelle dans la Montagne que c'est un peu là que tout a commencé, quand François Hollande débarque à Tulle, anonyme sur un quai de gare un jour de 1981.

Un François Hollande qui ne connaissait rien au monde rural, mais qui a vite appris de ce rude terroir. Ce terroir de Corrèze décidément fertile en président, on peut le dire maintenant, c'est une spécialité locale presque comme une autre. En Corrèze, allez savoir pourquoi, quand d'autres font pousser du maïs ou des salades, en Corrèze, on fait pousser des présidents.

Et puis cette élection en France, elle fait aussi la Une de la presse internationale...

Avec une sélection des gros titres à retrouver sur slate.fr : aux Etats-Unis, la victoire de François Hollande fait la Une de la page d'accueil du site du New York Times. C'est aussi la Une du Wall Street Journal pour qui François Hollande a gagné "un mandat pour aller défier la chancelière Angela Merkel sur le terrain de l'économie" européenne.

En Asie aussi on s'intéresse à cette élection : pour l'agence de presse japonaise Jiji Press, "le succès de François Hollande en France mais aussi de l'opposition en Grèce représente un sérieux avertissement pour toute l'Europe qui devra revoir ses caps économiques". Au Japon, l'Asahi Shimbun annonce que "la France a choisi le changement", et en Australie les quotidiens soulignent à la fois que "l'Europe ouvre les yeux sur l'après-Sarkozy" et que "les marchés s'inquiètent de la victoire d'un socialiste".

A Londres, "au revoir président bling bling", c'est le titre - en français - du Daily Mail. Le quotidien anglais The Guardian se félicite de son côté de la victoire de François Hollande en titrant sur les enjeux européens de cette élection : "un nouveau départ, le Président Hollande promet de changer le cours de l'Europe".

Même tonalité pour The Independent à Londres, "la victoire de Hollande annonce un changement dans la façon dont l'Europe va s'attaquer à la crise et dans l'action de la France dans le monde". Le Financial Times préfère retenir que "Sarkozy devient la dernière victime dans une longue liste, celle des victimes du retour de bâton contre les sortants".

En Italie, pour la Reppublica, "La France tourne une page", pour la Stampa, "Paris change et c'est l'Europe qui change". En Espagne, pour El Païs, "c'est la gauche européenne qui vient de renaître avec ce 6 mai français".

Un autre exemple : le journal russe Kommersant fait dans l'ironie avec son titre "République socialiste de France".Ca c'est pour l'anecdote.

Enfin la victoire de François Hollande vue d'Allemagne...

En Allemagne, le Bild, le grand quotidien populaire, fait du "Bild", avec à la Une François Hollande mais aussi et peut-être surtout une militante socialiste à la poitrine aussi généreuse que dénudée, une façon comme une autre d'intéresser ses lecteurs à la présidentielle française.

Moins aguichant, le Spiegel Online insiste sur les douloureux défis économiques qui attendent le nouveau président, le Spiegel qui douche par avance les espoirs et la liesse d'hier soir à la Bastille avec ce titre : "Hollande, le président qui sera obligé de décevoir la France".

L'actualité du Web

Pendant cette campagne électorale, nous avons tenu à vous présenter de nombreuses initiatives menées sur le Web destinées à vous aider à mieux comprendre les enjeux de l'élection, à parfaire vos connaissances des programmes des différents candidats ou à vous sensibiliser à de nouvelles pratiques journalistiques comme le "fact checking", la vérification des données et des faits.

Nous nous sommes aussi intéressés à des démarches plus documentaires ou créatives. Comme le travail mené par le jeune photographe indépendant Jérémie Battaglia avec son projet "20+12 : une partie de campagne". Un travail indépendant et apolitique, son objectif, dresser le portrait de 32 électeurs, partout en France.

Le dernier portrait a été mis en ligne hier, celui de Sophia, suivie jusqu'au moment du vote, la collection de Jérémie Battaglia est donc complète, vous pouvez maintenant profiter de tout son travail.

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