"Ni de gauche, ni de droite"...Un pari risqué (en France)
Retour le 24 mars 1998. Le jeune premier ministre britannique travailliste Tony Blair est à Paris, et a l’honneur d’être invité à prononcer un discours devant l’Assemblée nationale. Et s’il s’exprime en Français, son propos est largement étranger à la culture politique française…
"La gestion de l'économie n'est ni de gauche, ni de droite....Elle est bonne ou mauvaise"
Tony Blair, comme Bill Clinton aux Etats-Unis ou Gerhard Schröder en Allemagne incarne cette nouvelle génération de dirigeants de la fin des années 1990, qui tentent de dépasser le vieux clivage entre la gauche et la droite, d’embrasser une vision pragmatique des problèmes. Trois jeunes dirigeants, tous venus de la gauche, et inventant ce qu’on appelle parfois une troisième voie.
En France, même si le général de Gaulle a construit son discours politique au-dessus des partis, ce vieux pays reste profondément structuré par la gauche et la droite.
Il n’est qu’à entendre les projets de Patrick Devedjian à l’Assemblée nationale juste après les mots de Tony Blair pour s'en convaincre:
"J'ai observé que les mots de Tony Blair avaient été beaucoup plus applaudis par la droite que par la gauche"
La modernité de ce dernier tente d’être partagée par le Premier ministre Lionel Jospin qui se verrait bien lui aussi dans la dynamique dans cette troisième voie qui gagne. Il est l’invité du JT de France 2 le 21 février 2002 pour annoncer sa candidature à la présidentielle :
"Je suis socialiste d'inspiration, mais le projet que je propose au pays, c'est pas un projet socialiste. Il est une synthèse de ce qui est nécessaire aujourd'hui. C'est-à-dire la modernité: il faut épouser son temps. Si nous nous enfermions, si nous n'évoluions pas, si nous n'affrontions pas les défis de la mondialisation, je pense que nous serions dépassés, débordés. Mais en même temps, cette modernité doit être part agée"
Quelques mois plus tard, Lionel Jospin sera balayé, absent du second tour de l’élection présidentielle, offrant une leçon que Ségolène Royal puis François Hollande sauront retenir, au moins pendant la campagne. Indéniablement en prétendant dépasser le clivage gauche-droite, Emmanuel Macron prend un risque.
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