Le marché de Noël de Strasbourg, cinq siècles d'histoire(s)
Le marché de Strasbourg est au cœur de l’actualité dramatique depuis quelques jours, et on en oublierait presque le caractère exceptionnel de ce marché vieux de plusieurs siècles.
Le plus vieux marché de Noël de France
"Christkindelsmärik", ce qui signifie en Français, "le marché de l’enfant Jésus" est le véritable nom du marché de Noël de Strasbourg. Ce nom étonnant nous plonge au XVIe siècle lorsque Strasbourg choisit la réforme protestante et décide de tourner le dos au marché en l’honneur de Saint-Nicolas, qui se tenait donc au début du mois de décembre.
Il y a avait donc déjà un marché au Moyen-Âge, mais il ne devient vraiment un marché de Noël qu’en 1570. Le marché est alors le lieu où l’on vient acheter des cadeaux, et en premier lieu du pain d’épices pour les enfants.
Strasbourg est l’un des plus anciens marchés de Noël, une tradition du monde germanique, de même que le sapin. On dit souvent d’ailleurs que la pratique du sapin de Noël s’est diffusée en France à partir de 1870 quand des Alsaciens ont refusé l’annexion à la Prusse et se sont installés plus à l’Ouest en France, emportant avec eux cette tradition. Cette fonction première du marché ne va pas quitter Strasbourg durant cinq siècles.
Le marché de Noël est un moment magique, dont la féérie nourrit le lyrisme de ce journaliste de 1959…
"Pour accueillir Noël, Strasbourg devient le grand salon d'un palais féérique. Toute la ville revêt un air de trève de Noël qui nous emporte loin du quotidien dans le décor d'un rêve factice mais illuminé de l'enchantement d'un conte..."
Le temps des difficultés
Dans les années 1970 et 1980, le «Christkindelsmärik » perd de son lustre. Les gens achètent désormais leurs sapins dans des magasins et font leurs courses de Noël dans les nouveaux supermarchés qui poussent un peu partout en Alsace, région très en pointe dans ce domaine en raison de la proximité de l’Allemagne. Mais Strasbourg est aussi victime de la concurrence d’autres marchés de Noël, plus au sud de la région, et je pense notamment au très bon marché de Noël de Kaysersberg, non loin de Colmar, qui voit le jour en 1987.
Strasbourg réagit, en allongeant la durée du marché, et en s’autoproclamant "Capitale de Noël" en 1992. Deux ans plus tard, en 1994, Mariette Siffert, président du comité régional du tourisme se félicite de cet air nouveau qui souffle sur le marché de Noël de Strasbourg:
"Nous avons mis en place des animations depuis le 24 novembre. Beaucoup d'animations culturelles. Il y a pour le corps, l'âme et l'esprit."Le temps des menaces
En novembre 2002, pour la première fois des caméras de surveillance sont installées dans le marché de Noël. Un climat de menaces terroristes plâne sur le marché, si symbolique qu'il en devient une cible potentielle.
On était en 2002, et depuis 16 ans, le marché de Noël a vécu chaque année avec la peur d’un attentat, en particulier en 2015, quand il avait été inauguré quelques jours seulement après l’attentat du Bataclan, ou en 2016, quand Strasbourg apprend que le marché de Noël de Berlin a été la cible d’un terrible attentat islamiste le 19 décembre, causant la mort de 12 personnes.
Cette année, c’est Strasbourg qui pleure ses victimes de Noël.
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