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Histoires d'info. Une Coupe du monde menacée d'un boycott

Les appels au boycott de la Coupe du monde de football en Russie se multiplient, notamment après la décision de l’Islande de n’envoyer aucun représentant en juin prochain. Il faut remonter à 1978 pour trouver un tel climat politique autour d’un Mondial.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'équipe de France et l'équipe d'Argentine avant la rencontre du 6 juin 1978, lors de la Coupe du monde de football. (AFP)

Cela fait bien longtemps qu’une Coupe du monde de football n’avait pas été au cœur des enjeux politiques internationaux. Les appels au boycott se multiplient, notamment après la décision de l’Islande de n’envoyer aucun représentant en Russie en juin prochain. Il faut remonter à 1978 pour trouver un tel climat politique autour d’un Mondial. Il faut remonter à 1978 pour trouver un tel climat politique autour d’un Mondial de football. Cette année là, la Coupe du monde est organisée en Argentine. Mais entre l’attribution du Mondial à ce pays, en 1966, et le début de la compétition, le pays a connu un coup d’État militaire en mars 1976. Un coup d’État qui porte au pouvoir une junte militaire dirigée par le général Videla qui exerce un pouvoir dictatorial. Des dizaines de milliers de personnes ont disparu, assassinées. 

Y aller ou pas ?

À l’approche de la Coupe du monde, les appels au boycott sportif se multiplient. Et la France est en pointe. La France où vivent de nombreux opposants politiques sud-américains et où la gauche se mobilise. En décembre 1977 est formée le COBA, Comité pour le boycottage de la Coupe du monde. Quelque 150 000 personnes signent une pétition pour que l’équipe de France de football ne se rende pas en Argentine, une pétition signée par les grands intellectuels de gauche, Sartre et Aragon en tête. Les joueurs de l’équipe de France reçoivent personnellement des cartes d’Amnesty international. Dominique Rocheteau est proche de déclarer forfait...

Mais finalement, ni l’équipe de France, ni aucune autre équipe ne boycottera l’évènement. Un mois avant le début du Mondial, Michel Hidalgo déclarera au micro d’Alain Bédouet : "Nous voulons, nous, être plutôt des messagers de la paix, des messagers de la fraternité plutôt que de continuer à soulever des polémiques. Et surtout, c'est un aspect politique qui nous concerne, je ne dirais pas nullement mais  sur lequel on n'a aucun moyen, aucune action possible. Alors je crois que c'est au niveau des hommes politiques qu'il faut faire quelque chose. J'ajoute aussi que nous ne voulons pas ignorer le peuple argentin, nous ne voulons pas l'étouffer et le meilleur moyen c'est d'y aller."  

Le foot l'emporte sur la politique

Comme le résumera le journaliste Alain Bédouet à l'époque, il y a "deux thèses en présence, y aller ou pas, mais une même préoccupation : ne pas oublier pour autant ce qui se passe en Argentine". L'amour du football l'emporte. La France n’avait pas joué de Coupe du monde depuis 1966, c’était en Angleterre, et l’opinion publique n’était pas prête à sacrifier son plaisir. Et dès que la compétition commence, c’en est fini de la politique. 

L’Argentine gagnera finalement, dans des conditions douteuses, son Mondial, offrant à Videla un triomphe lui aussi mondial. Non loin de là, dans les sous-sols de l'ESMA (École supérieure de mécanique de la Marine), les tortures et les assassinats se poursuivaient.    

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