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Histoires d'info. Sarkozy/Bayrou. Les ennemis de vingt ans

Parmi les grands duels de la Ve République, les historiens de demain consacreront peut-être un chapitre au match Sarkozy/Bayrou.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Nicolas Sarkozy, président de la République discute avec François Bayrou, président du MoDem à Bordes, le 22 juin 2010. (PHILIPPE WOJAZER / POOL)

Ce matin sur France Info, Nicolas Sarkozy a passé de longues minutes à taper sur François Bayrou qui vient d’annoncer son soutien à Alain Juppé dans la primaire de la droite et du centre. Avant de revenir sur cette rivalité très ancienne entre Nicolas Sarkozy et François Bayrou, on écoute l’ancien président de la république. Il était ce matin l’invité de 8h30 Aphatie : "Voilà quelqu'un qui a été trois fois candidats à la présidence de la république. Trois fois, il a été éliminé au premier tour. Il a récupéré une UDF qui avait 100 députés, y'en a plus un seul. Et toutes les personnes avec qui il s'est allié, ça a mal tourné. Mais, c'est le choix d'Alain Juppé."

Propos violents qui traduisent une rivalité en réalité très ancienne. Dans l’extrait Nicolas Sarkozy parle de trois élections présidentielles perdues par François Bayrou, 2002, 2007 et 2012. Et ces trois présidentielles marquent à chaque fois une étape supplémentaire dans la rivalité entre les deux hommes. En 2002, Bayrou se présente contre Jacques Chirac le candidat de la droite et du centre unifié dans une grand partie l’UMP, dans lequel Bayrou a réfusé d’entrer. Cinq ans plus tard, en 2007, François Bayrou rencontre Segolène Royal entre les deux tours et s’il ne dit pas voter pour elle, il dit ne pas voter pour Nicolas Sarkozy. Enfin en 2012, Bayrou franchit un peu plus le Rubicon qui a la saveur de la trahison pour la droite, quand il annonce sa décision de voter pour François Hollande au second tour de la présidentielle.

La rivalité entre les deux hommes est  ancienne

Sarkozy/Bayrou c’est un peu la revanche de la revanche de la revanche de Chirac/Giscard.  On est en 1990, les deux grandes formations de droite, le RPR de Chirac et l’UDF de Giscard tentent de trouver le système pour n’avoir qu’un seul candidat pour 1995, voire plus tôt si Mitterrand quitte le pouvoir avant comme beaucoup le pense. Derrière le combat des chefs, deux jeunes ambitieux prennent la parole devant les caméras. Et ils actent de l’échec des négociations. Cinq ans plus tard, les deux hommes se retrouvent cependant côte à côte derrière la candidature d’Edouard Balladur en 1995. Mais autant Nicolas Sarkozy est ostracisé après la victoire de Chirac, autant Bayrou reste au pouvoir, conservant son ministère de l’Education nationale. Il devient l’une des cibles de Nicolas Sarkozy, poliment mais fermement. Ici sur France 2 en 1996 :  "Je suis en général d'accord avec François Bayrou, je pense que c'est un bon ministre de l'Education nationale. Je suis frappé par l'éducation nationale. On oscille en permanence entre le non-dit et le trop-dit."

Trois ans plus tard, lors des élections européennes les deux hommes dirigent des listes adversaires. Voilà qui prépare les années 2000 qui sont celles d’une rupture de plus en plus franche, et aujourd’hui…totale.

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