Histoires d'info. Réformez l'enseignement des maths, mais sans dégoûter les élèves, s'il vous plaît !
Les "maths modernes", une expression qui a rebuté plus d'un parent dans les années 70-80.
"Maths modernes", la simple énonciation de ces deux mots doit donner de l’urticaire à toute une génération de nos auditeurs, ceux qui sont allés à l’école, au collège et au lycée dans les années 1970 et au début des années 1980. "Maths modernes", c’est la solution trouvée au faible niveau en maths des élèves français à la fin des années 1960, dès la rentrée des classes 1969.
Rien à voir avec une quelconque influence de mai 68. C’est un profond mouvement né des années plus tôt et qui vise à connecter l’enseignement de la discipline dans le primaire, dans le secondaire et dans le supérieur. L’enjeu est d’en finir avec la géométrie toute puissante, l’apprentissage par cœur de théorèmes que l’on ne comprend pas mais que l’on sait appliquer. Les maths modernes sont souvent résumées par ce cri du grand mathématicien Jean Dieudonné : "A bas Euclide !"
C’est quoi les "maths modernes" ?
Pour beaucoup, les "maths modernes" ce sont les patates, les ensembles, une place énorme à l’algèbre et un enseignement beaucoup trop abstrait et qui décourage les élèves les plus faibles à un moment où la massification de l’enseignement secondaire progresse très vite. D’où une critique en élitisme de ces "maths modernes" et des parents perdus qui retournent à l’école. "Comme ces mères de famille, je suis retournée à l'école pour me recycler en mathématiques modernes, commente, en 1972, une journaliste à l'époque. Il faut bien l'avouer, 95% des parents restent pantois devant les cahiers et les livres de leurs enfants. Faute de comprendre, ils critiquent la rénovation de l'enseignement et dès l'entrée en 11e, s'installe souvent un grave malentendu entre l'école et la famille."
Marche arrière dès les années 80
Cet excès de modernisation a dégoûté une génération entière d'élèves et de leurs parents. Appliquées sans attendre les résultats des expérimentations, les "maths modernes" atteignent rapidement leurs limites, au point qu’on a fait marche arrière au début des années 1980, dans les classes d’abord, où les enseignants ont usé de leur liberté pédagogique pour rectifier le tir, puis dans les programmes, avec le retour notamment de la géométrie traditionnelle au lycée en 1983. Réformer l’enseignement des maths c’est très bien, il faut sûrement le faire, mais à condition de ne pas en dégoûter les principaux concernés, à savoir les élèves.
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