Histoires d'Info. Quand le poète Aragon passait le baccalauréat de philosophie
C'est le début du baccalauréat jeudi avec l'épreuve de philosophie pour un demi million d'élèves en section générale et technologique. Retour quelques années en arrière pour demander à Louis Aragon ce qu'il pensait de certains sujets.
Jeudi 15 juin, c'est le début du baccalauréat avec l'épreuve de philosophie pour un demi million d'élèves en section générale et technologique. Les bacs pro commencent eux par le français. C'est l'occasion de revenir en 1963, à une époque où seulement 60 % des candidats réussissaient le bac et où seulement 10 % d'une classe d'âge obtenait le précieux diplôme.
Tout comme aujourd'hui, les lycéens sont inquiets au moment d'aborder cette fameuse épreuve considérée par beaucoup comme aléatoire. Et certains sujets peuvent laisser pantois. Les lycéens bien sûr, mais pas seulement. Le soir de l'épreuve de 1963, Paris-Inter, l'ancêtre de France Inter, a eu l'idée de téléphoner au célébre poète Louis Aragon pour lui demander son avis sur les sujets qui sont tombés. Voici ce qu'il en dit : "Quand j'ai passé mon baccalauréat de philosophie en 1915, j'ai eu 36 sur 40. Mais si j'avais eu devant moi les trois questions de cette année, je suis sûr que j'aurais été simplement recalé parce qu'il m'aurait été incapable d'écrire sur des questions aussi ennuyeuses." Les candidats devaient répondre à l'une de ces questions : "Quelle différence faites-vous entre art et technique ?" ou "Quel rôle revient au sentiment de respect dans la vie morale ?". Vous vous ferez votre propre avis.
Aragon et le sujet de philo de... 1915
Si les sujets 1963 ne semblent pas passionnants pour Aragon, quels étaient ceux qu'il avait du affronter en 1915 et qui l'avaient tant inspiré ? Pas si facile de trouver mais en pleine Première Guerre mondiale, un sujet retient particulièrement notre attention et semble encore vraiment d'actualité un siècle plus tard : "Comment concevez-vous la justice dans les rapports des nations entre elles ?"
A l'époque, seulement 2 % d'une classe d'âge obtenait le bac. Ce bac 1915 était une priorité pour le gouvernement, une manière de montrer que la vie continuait à l'arrière au point que dès la fin de l'année 1914, le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts, Albert Sarraut, annonce que les candidats pourront passer leur examen avant de répondre à l’appel du devoir et de partir pour le front après leurs classes.
Cela n'est pas sans rappeler un très beau sujet tombé en 2009 : "La culture permet-elle d'échapper à la barbarie ?" Un sujet qui aurait sûrement davantage inspiré Aragon qui en avait fait l'oeuvre de sa vie.
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