Histoires d'info. Quand des incendies changent la législation
Alors qu'un incendie a fait dix morts à Paris, dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 février, retour sur les incendies qui ont fait évoluer la législation.
Dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 février 2019 à Paris, un incendie a fait dix morts. La piste criminelle est privilégiée. Il y a 46 ans presque jour pour jour, le 6 février 1973, un incendie, lui aussi criminel, ravage un bâtiment parisien. C’est un collège, rue Edouard Pailleron dans le 19e arrondissement. Le bilan est très lourd et le choc immense.
"Il était 19h30, hier soir, un témoin voit le CES en flammes, raconte à l'époque un reporter sur France Inter. Quand les pompiers arrivent, il est 19h50, c'est déjà fini. Le CES, comme un château de cartes s'est effondré. A l'extérieur, sur un mur calciné, une horloge marque 19h45. L'heure où tout s'est écroulé."
Un incendie facilité par l'architecture du bâtiment
Le bilan est très lourd : 20 morts dont 16 enfants. En cause ? Deux élèves turbulents qui avaient mis le feu à une poubelle. Deux enfants qui ignoraient la présence d’élèves du conservatoire de musique ce soir-là dans le collège. Et un feu qui se propage à une vitesse hallucinante. En quelques minutes, le collège est ravagé. Rapidement, la responsabilité du bâtiment est posée.
Construit à la va-vite pour accueillir les enfants du baby-boom, il n’est absolument pas pensé pour prévenir un tel incendie. Un incendie qui se propage incroyablement vite en raison des nombreux vides qui fonctionnent comme de véritables cheminées et les matériaux très inflammables, notamment dans les faux-plafonds qui diffusent le feu vers les étages où se trouvent les enfants.
Heureusement, on va apprendre de ce drame. Presque immédiatement, des alertes incendies et des exercices d’évacuation deviennent obligatoires dans tous les établissements scolaires ; d’un point de vue architectural, les établissements de type Pailleron sont progressivement détruits, ou réaménagés.
En 2005, une série d'incendies parisiens frappe les populations précaires
Plus récemment, d’autres incendies parisiens ont, eux aussi, permis de progresser dans la lutte contre le feu. Nous sommes en 2005, le 26 août : "Surprises en pleine nuit par les flammes, 17 personnes dont 14 enfants sont mortes la nuit dernière dans l'incendie d'un immeuble du 13e arrondissement de Paris. Ce drame relance le débat sur le logement social en France et ce soir une manifestation a lieu devant l'immeuble incendié", peut-on entendre à l'époque sur France Inter.
Il faut dire que cet incendie est le troisième qui frappe des logements insalubres depuis avril de la même année, causant au total la mort de 49 personnes, dont 29 enfants. Les victimes sont en grande majorité des Africains en situation précaire.
Cette série dramatique a eu des conséquences presque immédiates. À Paris, depuis 2001 avait déjà été lancé un plan d'éradication de l'habitat indigne, mais ces drames vont accentuer les efforts. En décembre 2005, une ordonnance est présentée au Conseil des ministres et deviendra une loi en mars 2006. Une loi qui impose notamment la réalisation de travaux et le relogement en cas d’expulsion.
Les mesures de 1973 ou de 2005 n’empêcheront malheureusement jamais les drames, l’actualité le prouve, mais elles visent à les rendre les plus rares et les moins graves possible.
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