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Histoires d'info. La Saint-Valentin est-elle une fête devenue sexiste ?

Pour certains, la Saint-Valentin est synonyme de romantisme, pour d'autres de ringardise, et pour d'autres encore d'anti-féminisme. A chacun sa vision. Mais avant, petite remontée dans le temps...

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des ballons en formes de coeur pour la Saint-Valentin. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

C’est une Saint-Valentin bien particulière en 2018. La première depuis le mouvement #Balancetonporc en France, MeToo aux Etats-Unis. Un grand mouvement politique et culturel qui a profondément interrogé les rapports entre les hommes et les femmes et plus spécifiquement les rapports de séduction.

Une vision archaïque dénoncée

La Saint-Valentin ne perpétue-t-elle pas un imaginaire sexiste dans lequel s’instaure un rapport asymétrique où la femme est dominée, dans l’attente d’une surprise par l’homme qui reste le maître du jeu ?
C’est ce qui apparaît d'une archive datée de 1950, au moment d’ailleurs où la Saint-Valentin tente de s’imposer en France comme une fête populaire. "Les Valentines, hier, ont été comblées, annonçait un journaliste, car toutes les femmes peuvent s'estimer Valentine puisque la Valentine de l'an 250 était jeune et jolie, ce qu'une femme est toujours, on le sait. Mais les Valentins. Les Valentins en 1950 n'ont pas été oubliés, et à défaut de beauté, car nous ne prétendons pas messieurs à être beaux, l'élégance est restée pour eux un devoir. Alors pour plaire à son Valentin, Valentine a offert hier ce petit rien qu'on appelle 'caprice masculin' qui peut être indifféremment un briquet, une cravate, un chapeau même."

Ces préjugés sexistes ne sont évidemment pas l’apanage des années 1950 et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle les féministes critiquent depuis quelques années la Saint-Valentin qui figerait une conception archaïque des relations entre les femmes et les hommes. Il y a même depuis 2010 aux Etats-Unis et un peu en France, la veille de la Saint-Valentin, le Galentine’s Day, une soirée où les femmes se retrouvent entre elles, surtout sans hommes, pour une bonne bouffe, où elles n’auront pas l’injonction masculine et sociale d’être "jeune et jolie".

Moderniser la Saint-Valentin ?

Mais la Saint-Valentin, c'est autre chose. C’est en tout cas la thèse du sociologue Jean-Claude Kaufmann qui veut réhabiliter la Saint-Valentin. S'il reconnaît qu’en France et plus généralement en Occident, la Saint-Valentin est une fête essentiellement commerciale et très conservatrice sur les rapports entre les hommes et les femmes, il note aussi qu’il ne faut pas oublier que la Saint-Valentin, est l’expression moderne, peut-être désuète, mais bien réelle, de la galanterie. Une galanterie héritière de l’amour courtois au Moyen Âge ou du romantisme du XIXe siècle et qui a détourné l’homme d’un rapport plutôt bestial aux femmes.

Jean-Claude Kaufmann note qu’ailleurs dans le monde, cette fête de l’amour est à ce point transgressive qu’elle est interdite dans une trentaine de pays, notamment au Moyen-Orient. "La jeunesse s’insurge au nom de l’amour. Au nom d’une sexualité plus libre et de l’expression des sentiments", écrit le sociologue dans une tribune parue dans Le Monde. Conclusion : plutôt que de laisser mourir la Saint-Valentin dans un restaurant paré de cœurs et de musiques sirupeuses, il ne tient qu’à nous de la rendre moderne, folle et transgressive, finalement à la hauteur de ce qu’elle prétend célébrer l’amour !

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