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A quoi sert le bac ?

Voilà une question qui aurait pu, peut-être, être posée pour l’épreuve de philosophie du bac ce lundi matin, et que pas mal de déçus de Parcoursup se posent : à quoi ça sert d’avoir le bac ? Une question que l’on se pose depuis bien longtemps.

Article rédigé par Thomas Snégaroff, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un enseignant surveille l'épreuve de philosophie du bac, le 17 juin 2019. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Le baccalauréat est une institution plus que bicentenaire, née sous l’Empire en 1808. Mais les premiers bacheliers, 31 seulement, ont décroché leur diplôme l’année suivante, en 1809. Quelle est l'utilité de cet examen à l'origine ? Eh bien à former une élite administrative et politique, une sorte d’ENA à l’époque.

Pendant très longtemps, le bac va rester réservé à une élite. Certains diraient qu’il servait d’abord à cela : à lui conserver son statut, ses privilèges. D’autant que les études secondaires demeurent payantes jusque dans les années 1930, et jusqu’à ce moment-là, on ne compte jamais plus de 10 000 bacheliers par an, ce qui est peu.

Une utilité donc essentiellement symbolique, ce que ne contredisent pas ces propos savoureux entendus dans l'émission "La femme et le foyer", le 25 septembre 1950 :

N'oublions surtout pas que le baccalauréat est le signe d'une certaine culture générale, mais n'offre aucun débouché et ne prépare à aucune profession

La femme et le foyer

ORTF, 25 septembre 1950

Évidemment, le bac est à l'époque un passeport vers l'enseignement supérieur, comme il l'est aujourd'hui.

Un bac qui ne sert intellectuellement à rien ?

Mais une autre idée du bac se développe au début des années 1970, période très politique dans les lycées, au moment de la massification de l’enseignement secondaire en raison du baby-boom, mais aussi de l’allongement de la scolarité obligatoire à 16 ans depuis 1959. Émerge une nouvelle réponse à la question "à quoi sert le bac ?" :

"En fait, le bac, au niveau pédagogique, au niveau intellectuel, au niveau épanouissement de l'individu, ça vaut rien du tout. C'est tout à fait artificiel."

Mais cette réponse, que le bac c’est du bachotage, qui ne sert intellectuellement à rien, c’est tout de même une réponse de privilégiés au début des années 1970. A cette époque en effet, où 80% d’une classe d’âge n’a pas le bac, certains rêveraient d’avoir le précieux sésame vers l’enseignement supérieur.

En revanche, dans les années 1980, quand l’obtention du bac commence véritablement à se généraliser, une autre réponse surgit à la question : "à quoi sert le bac ?" et cette réponse est forcement en relation avec l’entrée dans le chômage de masse.

Je trouve que le bac, c'est pas nécessaire puisqu'il y a beaucoup de gens qui l'ont mais qui n'arrivent à trouver d'emplois. Cela prouve, qu'en soi, il n'a aucune importance.

Une élève sur Antenne 2 en 1986.

On s’est longtemps donc interrogé sur l’utilité du bac. Mais peut-être jamais autant qu’aujourd’hui, parce qu’avec 80% d’une classe d’âge au bac et 90% de réussite à l’examen, toutes les critiques du passé deviennent désormais légitimes et posent profondément la question, au-delà des réformes, de la survie même de l’examen.

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