Bastua, 28 ans : "Je ne voterai pas pour la présidentielle"
Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-30 ans. Mardi 7 décembre, rencontre avec Bastua, 28 ans, membre du collectif "Collages Féminicides Paris".
Direction Paris pour suivre Bastua dans les rues du 15e arrondissement où elle s'apprête à coller les messages "Ras le viol" et "Stop Féminicides" sur les murs. À 28 ans, elle fait partie du mouvement "Collages Féminicides Paris" qui s’empare des murs de la capitale pour dénoncer notamment les violences faites aux femmes. Militer au sein d'un collectif, c'est comme ça que Bastua a choisi de faire de la politique. Pour Bastua, coller des messages dans la rue est sans nul doute un acte très politique comparé à un message publié sur les réseaux sociaux par exemple.
"Se réapproprier la rue"
"C'est beaucoup plus politique. Aller dans la rue et risquer de prendre des amendes c'est très politique. Notre voix est devenue plus forte que si on devait courir après des élus et je trouve que c'est beaucoup mieux comme ça. J'ai adoré cette philosophie de se réapproprier la rue". Né en France en 2019, le mouvement "Collages Féminicides Paris" consiste à coller sur les murs de l'espace public des messages pour sensibiliser aux féminicides. Le mouvement s'est depuis propagé dans le monde entier et les messages diffusés se sont étendus à d'autres causes comme la lutte contre le racisme, la pédocriminalité ou les LGBT+phobies.
Avant de rejoindre le collectif "Collages Féminicides Paris", Bastua était engagée au sein d'un parti politique dont elle ne souhaite pas dire le nom. Elle a depuis quitté ce parti, notamment parce qu'elle ne se sentait pas libre de mener ses combats. "J'avais l'impression que l'énergie était plutôt mise à faire en sorte que des personnes soient élues qu'à essayer de changer réellement la société".
"Je trouve que lorsqu'on est dans un mouvement citoyen, où c'est le collectif qui prime, on a plus de liberté."
Bastua, 28 ans
Bastua se sent aujourd'hui plus libre. "Cette liberté je ne la retrouvais pas dans ce parti et je pense qu'elle n'existe pas dans les partis. Ces règles du jeu ne me convenaient pas à moi personnellement".
Pas satisfaite par "le vote utile"
En 2022, Bastua confie qu'elle ne votera pas, notamment parce qu'elle ne se sent pas représentée en politique. "Je ne voterai pas pour la présidentielle, je ne voterai pas pour les législatives. Tout au long de ma vie, j'ai eu l'impression de voter pour des gens auxquels je ne croyais pas à 100% mais pour lutter contre d'autres personnes. Stop, je ne veux plus faire de vote utile".
Bastua regrette d'une certaine manière de se priver de vote, mais selon elle, c'est le système politique qui la pousse à prendre cette décision. "Le système tel qu'il est nous pousse à nous priver de ce pouvoir parce qu'il n'y a pas d'alternative."
Si le vote blanc était reconnu cela pourrait changer la donne, dit Bastua. "Là oui je participerai parce que je me dirais que ça a un intérêt de voter mais tant qu'il n'est pas reconnu je préfère aller faire autre chose et militer pour plus important que ça plutôt que de me déplacer pour rien".
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