"Rainbow Six : Siege" : clé de voûte de la stratégie esport du géant français Ubisoft
Le géant français du jeu vidéo Ubisoft organise jusqu'à ce dimanche 19 février à Montréal, au Canada, les championnats du monde d'un de ses rares jeux compétitifs, Rainbow Six : Siege. L'éditeur ne mise pas tout sur l'esport aujourd'hui, ne cherche pas à dériver ses licences cultes à tout prix dans des formats multi-joueurs et esportifs.
Stratégie détaillée avec Laure Valée, consultante esport de franceinfo, et François-Xavier Denièle, vice-président d'Ubisoft, en charge de l'esport et des jeux compétitifs, un département créé il y a sept ans, avec la sortie de Rainbow Six, dans le but de développer, justement, l'esport chez Ubisoft.
franceinfo : Ubisoft est un géant mondial du jeu vidéo mais n'est pas identifié comme un géant de l'esport. Comment expliquer cela ?
Laure Valée : C'est vrai que le grand public connaît surtout Ubisoft pour certains de ses jeux cultes ou populaires comme Assassin's Creed, Rayman, Splinter Cell ou même les Lapins Crétins. Ce ne sont pas des jeux esport, il n’y a pas de compétitions. Et c'est donc avec ce jeu de tir, Rainbow Six : Siege, que l'éditeur français essaie depuis sept ans maintenant de se faire une place dans l'esport. Avec succès, puisque l'éditeur revendique plus de 85 millions de joueurs sur ce jeu dans le monde.
La saison esportive sur ce jeu est structurée avec des ligues régionales et des compétitions internationales. Une quarantaines de clubs d'esport ont des équipes professionnelles et certaines vont donc en découdre à Montréal.
Les finales des championnats du monde sur ce jeu Rainbow Six vont s'y dérouler, le Six Invitational. A quoi cela va ressembler ?
C'est un rendez-vous très attendu. C'est la conclusion d'un circuit mondial, la finale des finales, après plusieurs compétitions sur différents continents. Les participants se répartissent une dotation de 3 millions de dollars. Montréal, cela fait six ans que ce tournoi y est organisé. Ubisoft a des studios de production là-bas. Les matchs ont lieu au stade de Laval, qui peut accueillir jusqu'à 10.000 spectateurs. Et c'est un stade de hockey, d'où une atmosphère particulière, décrit François-Xavier Denièle, vice-président d'Ubisoft, en charge de l'esport et des jeux compétitifs :
"On a dû couvrir la glace, on a dû travailler avec le son, qui est très important, dans les stades de hockey, ça amène ce côté 'arène', énormément de bruit. Les joueurs au départ peuvent être embêtés, mais en fait, ils adorent ça, parce que ça fait monter la pression. Et comme c'est un stade américain, y a énormément de coursives, ce qui est très intéressant. Comme c'est l'hiver, on a tout le monde à l'intérieur, et ça nous permet de proposer énormément d'initiatives autour du jeu et d'Ubisoft, autour de l'événement."
Organiser des compétitions devant des milliers de spectateurs, diffusées sur internet, sur Twitch, c'est un moyen de rayonner pour Ubisoft ?
Oui, l'esport c'est un moyen d'attirer et de fidéliser de nouveaux joueurs. Organiser un bel événement montre la puissance d'un jeu, et permet de séduire un nouveau public, parfois plus jeune. Stratégie que détaille le directeur de l'esport chez Ubisoft :
"On est allé au Japon, on avait mis plus de 4.000 personnes dans une salle à Tokoname qui doit être l'équivalent de Dijon en France. Il y a aussi un exemple qui m'a toujours marqué : 2018, on fait une finale à Milan, en Italie, qui n'est pas un pays très connu en terme d'esport. Et on voit par la suite, pendant plusieurs mois, beaucoup plus de joueurs dans le jeu, et une attractivité de la scène locale italienne forte. Donc, il faut toujours voir la balance entre le coût important d'un événement, et ce que l'on veut en faire avec la communauté locale."
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