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Hommage à Thérèse Clerc, femme libre et engagée

C'est une histoire de femme libre, d'une militante qui s'est battue pour elle et pour les autres, créant en 2000 la Maison des femmes à Montreuil, mais aussi la Maison des Babayagas, lieu de vie pour femmes âgées, toujours à Montreuil, en région parisienne.
Article rédigé par Frédérique Marié
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© seniosractu)

 Le Projet de la Maison des Babayagas a été porté par trois amies dont Thérèse Clerc, décédée le 16 février 2016

La Babayaga est une sorcière des légendes russes qui habite une maison montée sur des pattes de poulets et dont les murs sont en pain d'épice et le toit en pâte d'amande. Thérèse Clerc a choisi ce nom car sa maison ressemblait étrangement à celle de la Babayaga.

Ce projet a été écrit en 1995.

En 1998, Jean-Pierre Brard, maire communiste de Montreuil à l'époque, donne son accord de principe. Puis en 2003, c'est une rencontre, après la canicule, avec Christine Boutin (ministre du Logement et de la Ville, puis uniquement du Logement, du 18 mai 2007 au 23 juin 2009 ) qui débloque le financement pour construire cette maison d'un genre nouveau.

Cette Maison des Babayagas met à disposition 19 studios d'environ 35 m2, à petits loyers environ 200 à 300 euros par mois.Ces logements sont réservés à des femmes de 60 à 80 ans.

Cette maison se veut autogérée, solidaire, citoyenne et écologique. En refusant de vivre leur vieillesse seules et inutiles, ces femmes ont créé un lieu de vie conforme à leurs attentes de bien vieillir en toute autonomie.

Mais ces colocataires doivent participer à la vie de la cité sous de multiples formes :

  le soutien scolaire  l'alphabétisation  les thérapies douces pour bien vieillir  des conférences Cette maison se charge également du handicap par la solidarité, le bâtiment a été équipé en conséquence avec, si nécessaire, la présence d'une infirmière de nuit.

En menant à bien ce projet, elles ont fait le choix de vieillir libres et sans les contraintes et les violences de certaines familles qui, ne sachant que faire de leurs parents ou grands-parents, les placent dans des maisons souvent mal pensées.

Audio : Thérèse Clerc, une des Babayagas de la première heure se raconte.

Thérèse Clerc une des Babayagas de la première heure se raconte.

Mariée à vingt ans et mère de quatre enfants, Thérèse Clerc divorce en 1969 et commence une vie de militantisme intense pour les droits des femmes : elle participe au MLF, milite à la CGT, au PSU et crée un groupe de contestation féministe au sein de l’Église. En 1997, elle crée l'association La Maison des Femmes de Montreuil, qui ouvre ses portes au public trois ans plus tard. La même année, suite au décès de sa mère, elle commence à réfléchir à un projet de maison de retraite pour les femmes reposant sur les valeurs d'autogestion, de solidarité, de citoyenneté et d'écologie. La première pierre de la Maison des Babayagas est posée dix ans plus tard, le 8 mars 2007, à Montreuil. L'essayiste Danielle Michel-Chich lui a consacré un ouvrage, "Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs ", paru aux éditions des Femmes en 2007.

Thérèse Clerc apparaît dans le film de Sébastien Lifshitz, "Les Invisibles", sorti en 2012. Atteinte d'un cancer, elle est décéde le 16 février 2016 chez elle, à Montreuil.

D'autres Maisons des Babayagas ont vu le jour à Palaiseau (en banlieue parisienne), à Lyon, à Marseille, et à Brest (Bretagne), Marseille et St Priest (en région Auvergne-Rhône-Alpes).

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