Saint-Etienne "miné par la pauvreté" selon le Monde : la ville défend son image
"Paysage urbain balafré", "capitale des taudis" ou "une impression de grisaille presque poisseuse" dans les quartiers stéphanois de Beaubrun ou Tarentaize. Dans un article intitulé "A Saint-Etienne, le centre-ville miné par la pauvreté", l'édition du Monde du mardi 9 décembre revient sur le quotidien de certaines parties de la ville mal entretenues et délaissées par la mairie au profit, selon la journaliste Sylvia Zappi, d'une autre urgence, celle de l'emploi dans une ville connue pour son passé minier.A peine publié, l'article a engendré de nombreuses réactions tant du côté des Stéphanois que de la mairie. Cette dernière a invité ses habitants à publier et partager leurs plus belles photos de la ville en mentionnant le hashtag .
#stephanoisfiers : Veux bien servir de guide à @sylviazappi pour lui faire découvrir derniers taudis #SaintÉtienne ! pic.twitter.com/TEbfFlIKqW
— Jean Louis Gagnaire (@JLGagnaire) December 11, 2014
"Tout autour, il y a une ville qui vit, qui bouge"
D'autres initiatives ont émergé comme ce site "Stéphanois Fiers" lancé par un étudiant stéphanois François Voron. Au-delà des photos, lui met en avant le taux de pauvreté de la cité stéphanoise. "22% contre 24% à Strasbourg ou 25% à Montpellier et à Lille".
"La façon dont l'article était tourné pouvait laisser entendre que toute la ville était telle qu'elle (la journaliste du Monde, ndlr) la décrivait alors qu'il ne s'agit que de quelques quartiers dans son coeur" , explique-t-il à France Info. C'est surtout le vocabulaire utilisé qui a peiné François Voron. "Effectivement, il y a ces quartiers mais tout autour, il y a une ville qui vit, qui bouge. Saint-Etienne cherche à améliorer son image et ce genre d'articles ne lui rend pas service".
Son travail ciblé par la polémique micro-stéphanoise, la journaliste du Monde qui couvre les banlieues, Sylvia Zapppi, a cherché à contextualiser sa démarche dans une vidéo publiée sur le site du Monde. Pourquoi avoir choisi Saint-Etienne? Elle explique qu'elle est partie d'une étude de l'INSEE peignant le portrait social de la France. Le rapport situant la pauvreté dans les centres-villes et moins dans les zones périurbaines, la journaliste a choisi Saint-Etienne classée dans le tiers supérieur des villes pauvres "et non pas Roubaix ou Béziers pour éviter la caricature".
Aurait-elle extrapolé? Sylvia Zappi s'en défend. "J'ai été sur place. J'ai visité ce coeur de ville avec des urbanistes, des responsables de la mairie qui s'occupent de ces quartiers, des géographes, des sociologues et des habitants. Je comprends que d'une certaine manière cet article ait pu heurter mais c'est la réalité. De nombreuses villes - et Saint-Etienne en fait partie - mettent un petit peu de côté leurs quartiers pauvres pour attirer les classes moyennes avec de belles réalisations".
Plusieurs dizaines d'e-mails envoyés au Monde
A travers différents panneaux d'information de Saint-Etienne, la mairie a également demandé aux Stéphanois d'adresser des mails au rédacteur-en-chef du service France du Monde, Thomas Wieder.
Celui-ci a déjà reçu plusieurs dizaines d'e-mails. "Des articles qui déplaisent, il y en a tous les jours mais cet appel public est inédit. La moindre des politesses aurait été que la mairie cherche d'abord à me joindre", affirme-t-il.
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