#MyDressMyChoice : des Kenyanes veulent s'habiller librement
Lundi matin, des centaines de Kenyans, essentiellement des femmes, manifestaient dans les rues de Nairobi en clamant "My Dress, my choice", en français "Ma robe, mon choix". La traduction dans l'espace public d'un débat qui occupe les réseaux sociaux kenyans depuis plusieurs jours après la diffusion d'une vidéo - désormais retirée de Youtube mais on peut y retrouver des extraits violents - qui montre une femme vêtue d'un haut rouge et d'une mini-jupe se faisant déshabiller de force puis toucher par une dizaine d'hommes dans une station de bus bondée de la capitale, Nairobi. Eux expliquent dans des médias locaux qu'ils l'ont considéré comme une "tentatrice".
Quelques heures après sa mise en ligne, une Kenyane de 31 ans, Atieno Nyar South, la reçoit sur Whatsapp et poste un message sur un groupe Facebook rassemblant des femmes et mères de Nairobi, Kilimani Mums Nairobi. Interrogée par France Info, elle raconte qu'un millier de commentaires s'ensuit. Le hashtag #MyDressMyChoice vient de naître.
If you don't like the colour your neighbour has painted on her wall, what gives you the right to bring that wall down? #MyDressMyChoice
— Felista Wangari (@FelistaWangari) November 13, 2014
#MyDressMyChoice, my dressing should not be an invitation to be violated
— The bra seller (@carol_mwa) November 12, 2014
"Si tu n'aimes pas la couleur du mur de ton voisin, de quel droit t'autorises-tu à casser le mur" ou encore "Mes habits ne sont pas une invitation à l'agression".
"Je l'ai choisi pour répondre à l'intolérance d'une partie de la société" , explique Atieno Nyar South. "Certains hommes expliquent que cela était justifié de déshabiller cette femme car elle était légèrement vêtue" . Pour elle, ce n'est plus une affaire de vêtements, mais une affaire de droits des femmes. "Ces actes violents en public ont lieu depuis des années et personne ne fait rien", rajoute la Kenyane.
Elle a essayé d'entrer en contact avec la jeune femme en prévision de la manifestation de lundi mais celle-ci reste cloîtrée chez elle "honteuse" et ne préfère pas s'exprimer publiquement.
Brave Kenyan women marched today and said very loudly #MyDressMyChoice. We stand with them. pic.twitter.com/PxyEmr6GAL
— Boniface Mwangi (@bonifacemwangi) November 17, 2014
Seulement, la mobilisation ne fait l'unanimité dans la société kenyane. Un mot-clé de riposte #NudityIsNotMyChoice - "la nudité n'est pas mon choix" en français - a été lancé ce week-end par un blogueur kenyan influent, . Il est suivi par près de 140.000 personnes sur Twitter. Il se défend de toute incitation à la violence mais explique posément que "la liberté vestimentaire que certaines femmes n'est pas réaliste". "Si je veux marcher nu dans la rue, la rue a le droit d'avoir une opinion sur ma façon de m'habiller. Chez moi, pas de souci mais pas dans la rue", affirme-t-il. Le blogueur, qui se présente comme le porte-parole de la décence, déclare avoir reçu des menaces "de se faire déshabiller à son tour" par des manifestantes s'il se rendait aux manifestations de lundi.
Nudity is a form of sexual violence. #NudityIsNotMyChoice
— Robert ALAI (@RobertAlai) November 17, 2014
Les manifestantes espèrent, elles, que la mobilisation ne s'essoufflera pas. Une pétition a été lancée en ligne réclamant davantages d'enquêtes judiciaires sur ces histoires de rues et la création d'un centre d'appel spécifiquement consacré à ces violences de rue pour éviter de se rendre dans des commissariats.
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