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À L'Île-Saint-Denis, des collégiens plantent des arbres pour la planète

Chaque mardi, France Info junior part à la rencontre de collégiens qui imaginent leurs solutions pour le climat, à l'occasion de la COP21. Notre dernière étape pour suivre l'opération #maplanète2050 nous emmène au collège Alfred Sisley de L'Île-Saint-Denis.
Article rédigé par Estelle Faure
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 463630 min
  (© Estelle Faure / France Info junior)

Un vendredi matin encore endormi, deux cygnes glissent sur les eaux calmes de la Seine, à la lisière entre les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis. Nous sommes à L’Île Saint-Denis, bras de terre posé sur le fleuve, à quelques kilomètres au nord de Paris, dans l'un des départements les plus pauvres de France. Des petits pavillons, des magasins, quelques entrepôts et grappes d'immeubles grignotent l'île verte par touches. Juste en face de la scène buccolique, le collège Alfred Sisley ne détonne pas avec ses premiers abords plutôt boisés, il faut dire que l'établissement a plutôt la main verte. Il a décroché le label COP21 et E3D pour ses actions en faveur de l’environnement. On y trouve des classes "LPO" qui partent observer les oiseaux dans la zone protégée au nord de l’île, une section "sport et nature" ou encore une 5ème "développement durable". Micro en vadrouille, c’est elle que France Info junior rencontre aujourd’hui. À l'occasion de la COP21 qui débute fin novembre, ces élèves participent au projet #maplanète2050. Le 3 novembre, ils iront à l’auditorium de Radio France avec 1.000 autres collégiens pour livrer leur Livre blanc de la jeunesse . À l’intérieur, toutes leurs solutions pour lutter contre le réchauffement climatique. Une délégation d'élèves remettra ce livre de doléances en mains propres à François Hollande ce vendredi 30 octobre.

  (© Estelle Faure / France Info junior)
Crédit photo Estelle Faure / France Info junior

"Un arbre, c’est comme un bébé, il faut en prendre soin"

Pour les collégiens de Sisley et leurs professeurs, la solution pour le climat a tout d'une évidence. "Quand on fait pousser les arbres à pommes, du coup il y a moins de CO2 dans l’air donc moins de réchauffement", résume Amine. Leur solution, ils l’ont prise au mot : à côté des chemins goudronnés, dans la pelouse qui borde le collège, des petites tiges de quelques centimètres se dressent. "On a planté six ou sept pommiers à l’arrière du collège et une vigne aussi", raconte Rayan. Les élèves poursuivent le labeur entamé par leurs camarades l’an dernier. Objectif : 60 pommiers plantés au collège d’ici la fin d’année et quelques vignes. Certains arbustes ont été donnés par la mairie ou apportés par leur professeur mais la plupart proviennent des élèves : "on mange des pommes, on ramène les pépins, on les met au frigo, après on les plante dans des petits pots et on les fait pousser et après on les plante dans la terre , détaille Awa. Un arbre, c’est comme un bébé, il faut bien en prendre soin". Pour chouchouter leur plante, un autre projet est développé par le collège : un composteur. "Au lieu de mettre les déchets de la cantine à la poubelle, on va mettre le repas pas fini dans les composteurs", expose Nicolas. "On va faire notre propre terre pour replanter les pommiers" , termine Koudjédji. Un moyen de désengorger les usines qui brûlent les déchets et enfument l’air, racontent les élèves, dont l'une d'elles se trouve non loin d'ici à Saint-Ouen.

Vendre des pommes pour faire du micro-crédit

Leurs pommiers ne sont encore que des petites pousses fragiles mais les élèves savent déjà ce qu’ils feront des fruits de leur travail, environ 1.000 kilos de pommes par an, selon leur professeur. "Dans quelques années, on pourra faire une fête et partager les raisins et les pommes" , raconte Théna, déjà impatiente. Surtout, ces pommes seront vendues aux habitants du coin, notamment les plus modestes, qui pourront les acheter moins chères que dans les magasins. L'argent sera ensuite utilisé pour financer du micro-crédit. "On prêtera l’argent à des gens qui font des petites entreprises ", raconte Awa. "Après avoir développé leur entreprise, ils nous rembourseront et on pourra aider de nouvelles personnes", enchaîne Nicolas. "Mais on a aussi des pots de miel car on a des ruches, ça pourra aussi faire de l’argent", complète Inès.

  (© Estelle Faure / France Info junior)
Crédit photo Estelle Faure / France Info junior

Plus d'arbres plantés au collège

Même si parfois dans la précipitation ils se mélangent un peu les pinceaux dans les grands concepts ou les chiffres, les élèves ne perdent pas pour autant le fil de leur action... et surtout de leurs convictions naissantes. "Moi je propose qu’on arrête de brûler les déchets, on pourra faire de l’engrais avec. Et avec les pépins qui restent, on pourra planter des arbres. Et avec l’argent gagné, on pourra mettre des barrages pour éviter les inondations ", résume Awa, la voix douce et sûre d’elle. Avec le réchauffement climatique, la fonte des glaces et les phénomènes météos plus capricieux, ici les élèves redoutent la montée des eaux et de la Seine, toute proche. Mais pas seulement : "Dans les pays riches comme la France et en Europe, on pourra installer des petits trucs pour que l’eau ne monte pas mais dans les pays pauvres, ils ne pourront pas, ils auront pas assez d’argent", se désole Radad. Avec leur professeur, les élèves travaillent d’ailleurs à un projet d’éco-village en Indonésie. Mais en attendant, Koudjédji a une idée pour agir dès maintenant : "Moi, je propose que toutes les écoles primaires et les collèges fassent pousser plus d’arbres !"

À ÉCOUTER ►►► Au micro de France Info junior, Nicolas et Awa, 12 ans , sont en cinquième au collège Alfred Sisley de L'Île-Saint-Denis. Direction ensuite les Comores, avec Nidaya, 14 ans. Avec sa classe de troisième de l'école Henri Matisse de Moroni, ils parlent des énergies vertes de leur archipel dans un slam aux paroles puissantes (à écouter en entier ci-dessous). L'occasion aussi de faire un bilan de notre tour de France #maplanète2050 dans six collèges de l'hexagone.

►►► Retrouver la chronique France Info junior et tous ces témoignages en bas de page.

À LIRE ET À RÉÉCOUTER ►►► Les précédentes étapes de France Info junior dans les collèges #maplanète2050, en Bretagne, à Arnouville dans le Val-d'Oise, à Toulon dans le Var, à Amiens en Picardie et à Bordeaux.

À écouter : le slam #maplanète2050 écrit par des collégiens aux Comores

  (FIJ pola St Denis)
 

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