Une violoniste entre Barcelone et la France
Elle-même ne sait plus très bien si sa vie est en Espagne ou en France. Anna Bohigas se partage depuis des années entre Barcelone, où elle joue et enseigne le violon, et Pau, à 600 km, où elle retrouve son mari, artiste allemand intervenant également en Espagne.
Anna Bohigas vit l'Europe au quotidien. Et constate combien la langue de Molière recule en Espagne face à l'anglais. Anna dit aussi que les deux cultures ne sont pas différentes, mais opposées. L'Espagne, exubérante, après les années noires du franquisme, et la France, laïque et effacée. "On a recherché une certaine neutralité pour ne pas agresser les autres, mais à force de vouloir être neutre, ça a vraiment pris une sacrée tournure. Et en Espagne, c'est le contraire. C'est très direct comme communication, très facile, très proche. On touche aussi beaucoup les gens, physiquement. Par contre, il n'y a pas du tout de courtoisie et moi, je trouve les Espagnols assez mal élevés, quand même."
Anna Bohigas est titulaire du premier prix du Conservatoire National supérieur de Paris, l'équivalent de polytechnique. C'est donc avec des musiciens venus des quatre coins du monde, Espagnols, Italiens, Slaves, Allemands, Américains, qu'elle travaille à Barcelone.
Elle s'est révélée, dit-elle, reconnue, dans un jeu plus physique, plus direct, différent de l'exception culturelle française. Elle ressent ces différences de culture, qu'il soit question d'œuvres contemporaines ou classiques. "Les Espagnols ont un sens du lyrisme. Ils sont beaucoup plus sensuels avec leurs instruments. Ils n'ont pas cette distance qu'ont les Français avec leur instrument. Par contre, les Espagnols ont du mal à construire un texte un peu complexe. Par exemple, la musique de Jean-Sébastien Bach, ils ont du mal à avoir accès à cette logique et cette architecture musicale. Les élèves français ont la facilité avec tous ces concepts abstraits, avec des constructions un peu complexes. Ils ont aussi quelque chose de beaucoup plus rationnel vis-à-vis de la musique, ils ont besoin de mettre des mots."
Et comme il est question de sensualité, Anna Bohigas ajoute une corde à son arc. Elle se forme maintenant à enseigner le Shiatsu, un type japonais de massage énergétique et relaxant.
Aller plus loin
Retrouvez ce portrait dans "Vivre à l'Etranger", le magazine européen de la mobilité internationale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.