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Français du monde. Covid-19 : l’Inde submergée par la pandémie

Le seuil des 200 000 morts a été dépassé cette semaine dans le pays, mais il est sans doute largement sous-estimé. L’Inde est plongée dans un chaos sans précédent et n’arrive même plus à brûler ses morts, comme en témoigne ce Français du Rajasthan.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Épicentre de la pandémie de coronavirus depuis plusieurs jours avec un variant "indien" encore mal identifié, le pays le plus peuplé de la planète après la Chine enregistre quotidiennement de nouveaux records.

Hervé Vital vit depuis 15 ans au Rajasthan

C'est l’un des États les plus touristiques d’Inde, aujourd’hui vidé de ses visiteurs étrangers, et le Français témoigne d’une situation de chaos : 

Il n’y a plus de réserve d’oxygène dans les hôpitaux à Jaipur, les gens se contaminent même en allant dans les hôpitaux, c’est ça le problème. Ils ne font pas très attention, ils ne se rendent pas comptent. Il y a une espèce de fatalité assez étranger pour nous.

Hervé Vital

Le tournant de ces contaminations monstres remonte sans doute au mois de mars dernier, après le gigantesque rassemblement religieux de Kumbh Mela, un pèlerinage au cours duquel des millions d’Hindous se sont immergés, les uns contre les autres, dans les eaux du Gange, transformant les lieux en foyer de contagion géant :

"Ça a fait exploser d’un seul coup le nombre de gens malades, témoigne le Français. Ils ont repris leurs mariages un peu comme avant, et c’est là où tout a redémarré. Et puis les fêtes de Holi, où chacun vient un peu se toucher pour se balancer des couleurs et souhaiter une bonne année à tout le monde, ça n’a pas aidé." Hervé Vital depuis quinze ans en Inde. Avant même le début de la pandémie, il avait de toute façon décidé de rentrer en France. Il vient de ventre la petite maison d’hôtes qu’il tenait près du fort d’Amber.

Vidéo sur les fêtes de Holi en 2018, un festival où les castes se mêlent, et où tout le monde célèbre l'harmonie, la vie, la joie et l'amour.

Des bûchers dans les parcs

Pour lui, le gouvernement porte aussi une lourde responsabilité dans cette flambée du virus : "Ils n’ont rien fait, pour que les élections se passent, et que le maximum de gens aillent voter. Le PJB, le parti national hindou du Premier ministre Narendra Modi, voulait absolument gagner le Bengale. Il n’y a que quand les élections ont été finies qu’ils ont, d’un seul coup, mis une alarme en disant : Attention, tout le monde doit se confiner ! Ils ont commencé à faire des couvre-feu, ce qu’ils n’ont pas fait avant."

Présentée il y a quelques semaines encore comme la "pharmacie du monde", l’Inde exportait et offrait des millions de doses de vaccin, assurant en produire suffisamment pour que sa population soit protégée. Aujourd’hui, elle tombe de haut. Le pays manque de tout, et seul le système D fonctionne encore, explique Hervé Vital :

Ce sont les réseaux sociaux qui permettent parfois de trouver un lit, en appelant à l’aide, voire dans de tout petits hôpitaux privés où il n’y a que 3-4 places, ou à 20-30 kilomètres de là où ils habitent. C’est dramatique.

Hervé Vital

franceinfo

A New Delhi, la capitale, la situation est encore plus insoutenable : "Ils brûlent les morts partout, témoigne le Français. Ils n’ont même plus assez de bois pour les brûler. Normalement, ce sont des incinérateurs à gaz. Là, ils font carrément des bûchers partout, même dans les parcs. Les morgues sont pleines. C’est du délire tellement il y a de morts."

L’aide internationale a commencé à arriver cette semaine en Inde. La France envoie elle des unités de production et des containers d'oxygène médical, ainsi que des respirateurs.

Lui écrire : vital.h@free.fr

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