Champion de pelote basque en Floride
Depuis
le balcon de son vaste appartement au 17e étage d'un building de Miami Beach,
la vue embrasse toute la baie. Eric Irastorza vit depuis 1998 en Floride, et y
vit très bien. "Trois ans après Cuba, on venait de remporter le
championnat du monde de Cesta punta à Mexico", explique le jeune homme de 36 ans
au look branché, "ça a été le détonateur."
A Miami, Eric est un joueur
professionnel sur qui les spectateurs viennent parier beaucoup d'argent, de
début janvier à fin juin. "Pendant ce mini-championnat, explique le
Français, natif de Bidart, on joue 4 heures par jour, six jours sur sept. C'est
à la fois un jeu d'équipe et individuel car on change de partenaire à chaque
fois. Le reste du temps, c'est du travail physique pour éviter les blessures.
Chaque matin, je nage une demi-heure en piscine."
La Cesta punta est la plus
spectaculaire des 14 disciplines de la pelote basque, et le sport de balle le
plus rapide au monde avec des pointes à 230 à 250 km/h. "La tradition
vient du Pays basque, explique Eric, auréolé de 4 titres de champion du monde
professionnel et 2 titres amateurs, mais surtout de Cuba. Et comme de nombreux
Cubains ont émigré en Floride, ils sont venus avec leur culture. Le sport était
très reconnu mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le fronton de Miami date
d'il y a 90 ans. Dans les années 80, il y avait 14 Jaï Alaï (frontons, ndlr).
Aujourd'hui, il n'y en a plus 2 ou 3."
Grâce aux paris d'argent, le
jeu revient toutefois à la mode, d'autant que les organisateurs sont désormais
autorisés à exploiter également des machines à sous sur les frontons, ce qui
attire une nouvelle clientèle. Les joueurs de Cesta punta se partagent 1,7% des
gains de ces mini-casinos.
Enfant de la balle
La
passion d'Eric Irastorza ne date pas d'hier. Ses premiers coups de Cesta punta
remontent à ses 10 ans, au club de Bidart, la "Kostakoak". Dès son
plus jeune âge, il a commencé à engranger les trophées. "A 18 ans, on n'a
proposé une 1ère fois de venir en Floride, mais je ne me sentais pas prêt. J'ai
fait trois ans d'études à l'école de commerce à Bayonne avant de partir."
Depuis 15 ans, le jeune homme, célibataire sans enfant, se partage entre sa vie
à Miami à l'année et trois mois d'été dans le Sud-Ouest. "Ca me permet de
disputer les championnats du monde et les tournois à Saint-Jean de Luz,
Biarritz ou en Espagne. En France, on ne vit de la Cesta punta que l'été.
Les joueurs ont un autre boulot l'hiver."
Quant au côté bling bling de Miami,
Eric s'y est fait : "C'est difficile ici d'approfondir des relations
d'amitié. Cela reste très superficiel. Il faut garder les pieds sur terre,
savoir d'où on vient et rester zen !" Le jeune homme n'a d'ailleurs rien
renié de ses racines. Avec trois copains d'école, il a monté une marque de
vêtements sportswear, "Ttilika", inspirés de la culture basque.
Après avoir commencé par trois magasins, le quatuor vient de signer un contrat
de licence avec un groupe de Toulouse. Leur marque devrait rapidement être
distribuée dans le monde entier. De quoi réfléchir déjà à sa reconversion.
Aller plus loin
Retrouvez cette chronique dans le magazine régional d'informations Objectif Aquitaine****
Retrouvez ce portrait dans le livre "S'expatrier, vous en rêvez, ils l'ont fait !", 100 portraits d'expatriés français aux éditions Studyrama
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